samedi 28 décembre 2019

La Nuit du coeur juste avant l'Aube

Portugal - photo fabian da costa


Vous ne devez pas vous effrayer quand une tristesse se lève devant vous, fût-elle une tristesse plus grande que toutes celles que vous avez vécues. Quand une inquiétude passe, comme ombre ou lumière de nuage, sur vos mains et sur votre faire, vous devez penser que quelque chose se passe en vous, que la vie ne vous a pas oublié, qu'elle vous tient dans sa main à elle et ne vous abandonnera pas.

" 365 Jours avec Rainer Maria Rilke " Points Vivre Editions



samedi 23 novembre 2019

Brisure... Fracture...Ouverture

après la tempête


Le si joli érable de notre jardin zen ! L’une de ses branches maîtresses brisée par le poids d’une neige historique, parait-il – le cœur de son tronc mis à nu ! Sa blessure mastiquée avec soin, nous espérons qu’il sera assez fort pour guérir.

En le regardant, une sentence signée Michel Audiard, grand philosophe devant l’Eternel, m’est revenue à l’esprit.
« Heureux les fêlés car ils laisseront passer la lumière. « 

Brisures, félures, fractures, cela résonne très fort pour moi en ce moment. Que celles et ceux qui ne croient ni à la synchronicité, ni aux symboles passent leur chemin. Je m’en voudrais de les énerver !!

Par deux fois : il y a 15 ans et maintenant, je me suis gravement fracturé, d’abord la cheville et ensuite le poignet. Chutes banales en apparence, un sentier de randonnée en mauvais état, un escabeau instable – soit. Mais ce qui est moins banal, en tous cas pour moi, c’est qu’à la suite de chacune, un événement marquant de ma vie s’est produit. Comme s’il avait fallu qu’à travers ces os brisés puissent passer ce que je refusais farouchement d’affronter. Que ce lâcher-prise impossible à faire, m’était imposé par la vie. Et à chaque fois, oui, la lumière a jaillit - de la lumière pour moi et pour les autres.

Ce serait bien n’est-ce pas s’il n’était plus besoin d’accidents pour comprendre qu’il est possible de s’ouvrir à la vie sans en mourir. Et puis notre bon Monsieur de la Fontaine nous l’a bien dit, le roseau plie et ne rompt pas, le chêne oui.

J’aimerais bien être à l’avenir comme ces bols japonais, dont les brisures sont réparées par des filets d’or. Garder la lumière en soi, mais sans fractures !




vendredi 22 novembre 2019

Darkness

soir de panne



De la neige, beaucoup de neige, trop de neige. Lourde, écrasante, plombante. En quelques heures les arbres, les pylones, les fils électriques s’effondrent, craquent. En quelques heures plus de lumière, de chauffage, de téléphone, d’internet…Malheur à ceux qui ont opté pour le tout électrique, naufragés du confort ils doivent fuir dans la famille ou chez des amis mieux lotis.

Bénis ceux qui ont gardé les bon vieux poêles à bois, ceux qui n’ont pas mis au rancart la lampe à pétrole des arrières grands parents. Le froid, la nuit qui s’installe en fin de journée, le congélateur qui lâche, le frigo qui rend l’âme…le cerveau qui finit lui aussi par tourner au ralenti, rien de bien plaisant.

Jusqu’à cet instant du soir, de l’après-dîner, ou faute de mieux on s’assoit pour regarder. Regarder, contempler le jeu silencieux des ombres et des lumières. Ce qui disparaît et apparaît, tout ce qui a toujours été et qu’on ne voyait pas parce qu’on y voyait trop.

Et puis un jour, tout revient, avec un grand ah ! de délivrance et de satisfaction. Un retour à la normale ? Qui sait ?






Hommage

A celui qui n'existe pas



Je m’incline, oui, je m’incline devant celui qui semble mener nos vies sans rigueur ni sagesse, celui que l’on accuse de tous les maux ou de toutes les peines.  Dieu des joueurs de dés, al-zahr, yasara en arabe ancien,  prétexte et bouc émissaire, cher hasard, pourtant, je ne crois pas en toi.

Enfin, je ne crois pas en ton aveuglement, je ne crois pas que tu te plais à nous tromper, nous égarer. Tu es un trésor de joyeuse malice pour autant que l’on te laisse faire…un peu. Celui qui va marcher au hasard, ouvrir un livre en ton nom, prendre cette route et non une autre, sera rarement déçu. Car advient ce qu’il n’attendait pas , s’ouvre une porte inconnue, se dévoile un paysage nouveau.

On prête à Einstein, mais que ne lui a-t-on pas prêté, cette sentence célèbre «  Le hasard, c’est Dieu qui avance masqué . «  De lui ou pas, peu importe. J’adhère, je confirme, j’affirme même.

«  Vai com deus « Disent en manière d’aurevoir les portugais. Va avec Dieu -  et je me permettrai d’ajouter - avec le hasard qui te surprendra, te sidèrera, te comblera.


mercredi 22 mai 2019

L'ouverture du coeur

Patmos - photo fabian da costa


" Il n'est plus temps de s'apitoyer sur ses propres cendres.
Tout est nouveau à chaque pas maintenant.
Couper les ponts tentant les retours vers les anciennes errances rassurantes.

Le lotus du coeur s'ouvre. 
Que reste-t-il des jours et des doutes."

Jean Ardent

 



samedi 6 avril 2019

point de vue 2 la réalité

Le vaisseau fantôme - photo fabian da costa

Non, le photographe n'est pas un menteur, ni un tricheur. Il est celui qui voit au-delà de ce voient les yeux des autres. Son cerveau est un capteur toujours en éveil, son oeil un perpétuel obturateur. 

Là, ou le commun mortel n'aperçoit qu'un bâche de plastique devant une fenêtre vouée à la démolition, il a vu - autre chose.

Il a vu le vaisseau des rêves bondir sur les vagues irréelles d'une mer imaginale, et il nous l'offre, pour que nos propres rêves embarquent à leur tour.

Dédicace à mon photographe préféré

Point de vue 1 le rêve

Le vaisseau fantôme - photo fabian da costa


 Le navire mystique


Il se sera perdu le navire archaïque
Aux mers où baigneront mes rêves éperdus,
Et ses immenses mâts se seront confondus
Dans les brouillards d'un ciel de Bible et de Cantiques.

Et ce ne sera pas la Grecque bucolique
Qui doucement jouera parmi les arbres nus ;
Et le Navire Saint n'aura jamais vendu
La très rare denrée aux pays exotiques.

Il ne sait pas les feux des havres de la terre,
Il ne connaît que Dieu, et sans fin, solitaire
Il sépare les flots glorieux de l'Infini.

Le bout de son beaupré plonge dans le mystère ;
Aux pointes de ses mâts tremble toutes les nuits
L'Argent mystique et pur de l'étoile polaire.

Antonin Artaud (1896-1948)
Premiers poèmes



dimanche 24 février 2019

Comment viennent-ils...?

Sainte-Sophie -Istanbul - photo fabian da costa


Oui, comment viennent-il ces visiteurs de l’ombre, ces visiteurs des songes, comment viennent-ils nous visiter, nous parler ? Ils passent dans un rêve dont on se souvient comme d’un éclair de vérité dans l’ordinaire des jours. Ces rêves que l’on ne peut oublier, dont on ne peut se défaire.

Ils traversent nos nuits une torche à la main, ils nous montrent un chemin  où nous devrons marcher, sans carte ni boussole. De ceux qui se font juste en avançant un pas après l’autre, et c’est tout. La route est longue qui mène on ne sais où, mais la certitude est là qui ne nous lâche pas – il y a là-bas quelque chose pour moi, un visage à découvrir, une parole à entendre.

Et la vie passe et le temps passe. Du temps trop plein et du temps perdu. Et vient un voile, une brume qui n’efface pas mais estompe le souvenir de moins en moins brûlant d’une nuit particulière.

Jusqu’à ce que là, juste au secret de l’âme, se creuse un vide, une évidente absence. Exactement ce qu’il faut d’inconfort pour rappeler le souvenir du visiteur nocturne qui ne se laisse pas oublier.

La question change alors : ce n’est plus comment est-il venu, mais bien comment va –t-il revenir ? Et plus encore, va-t-il revenir celui dont je n’ai pas honoré la visite ? Depuis tant d’années voudra-t-il encore traverser les mondes et rencontrer le mien ?

Il est impossible de commander aux ombres, de leur dire : je veux que tu reviennes me visiter cette nuit, maintenant je suis prête à t‘entendre, à te suivre. Non, cela ne marche pas ainsi, et les nuits n’apporteront rien que des rêves fumeux dont on n’arrive pas à se souvenir.

Il fallait juste comprendre que ces voyageurs particuliers ne prennent pas toujours le même moyen de transport, ne s’habillent pas toujours de la même manière, ne se montrent pas sous le même aspect.

Ils ont en fait un humour tendre et délicieux. On les attend tels que nous les avions vu, majestueux, impressionnants. On voudrait les voir marchant vers nous au milieu des éclairs et au son de  musiques angéliques, pour nous révéler enfin la mission de notre vie. 

Et bien non – à nous d’être attentifs, vigilants, car maintenant leurs visites se feront fugaces et imprévisibles. Il arrive que le vent ne se  manifeste que par la feuille de l’arbre qui danse sur sa branche. Les présences de l’invisible sont ainsi.  C’est un livre déjà lu qui s’ouvre sur une page écrite rien que pour nous, à l’instant présent. L’émotion cent fois connue, d’un coucher de soleil. Le regard du chat qui plonge dans le nôtre un abime doré. Un geste quotidien, pareil à tous les autres, mais qui éveille soudain une onde de chaleur, un grésillement nouveau. Et la certitude absolue que la rencontre est là, que notre voyageur est revenu, déguisé en peu de choses, habillé de rien du tout, mais qu’il est bien là et qu’il ne reste plus qu’à l’écouter. L’écouter et rire ensemble. Car l’un des grands secrets à découvrir est celui-ci : cette joyeuse vibration, ce sourire intérieur, sont bien les signes que la rencontre est vraie, que le rendez-vous a bien eu lieu.


dimanche 10 février 2019

Qu'a fait la vie...

géranium au vase bleu - photo fabian da costa



Qu'a fait la vie de nos amours ?
Le vrai, le pur, celui des anciens jours.

Que fait la vie de l’éblouissante splendeur,
celle qui rend aveugle et mène à la stupeur
d’avoir vu, entendu, que c’était celui-là,
celui-là et pas un autre, celui-là et rien d’autre.

Qu’à fait la vie de nos amours ?
Elle n’a rien fait ni défait.
On dit qu’elle passe, on dit qu’elle efface.

Mais c’est nous qui passons, nous qui effaçons,
- ou pas.
La vie est toujours là, pareille et semblable,
Et l’éclair et la joie, et la fulgurance aussi.

jeudi 10 janvier 2019

Beauté

Bénares - photo fabian da costa



Qui était cette femme ?
Ami, qui était cette femme
Enflammant la rivière
De sa peau dorée ?...

Le collier d'or
Sur le sommet de sa poitrine
Brillait comme la Lune
Sur les montagnes neigeuses.
Les ombres de la Lune :
Les flots de sa checelure noire
Roulant sur ses hanches.

Elle émergea des ondes
Comme un quartier de Lune,
Scintillant dans la pénombre du crépuscule.

Comme je me tenais la regardant ainsi
Et me perdant moi-même,
Elle partit au loin, tordant et enroulant mon âme
Avec sa sârî - mouillée et bleue.
Depuis, mon coeur frisonne de fièvre...
Chandîdâs " La voie mystique du coeur " - textes mystiques de l'Inde - Patrick Mandala - Ed. Chiron


lundi 7 janvier 2019

La prière d'un poète

printemps à Rochechinard - photo fabian da costa
 
 
 
J'ai perdu ma langue originelle, avec le temps
et ses nuits dévastatrices.
je suis devenu un orphelin muet du ciel.
 
Je voudrais retrouver cette langue égarée
reçue au berceau dans l'émerveillement de l'aurore.
Désert - brûlure. J'attends l'averse libératrice,
les dernières pluies du Verbe.
 
je veux retrouver les simples et saintes paroles
du poème enfanté dans les jardins de l'âme.
 
Jean Vigna
 
Cher vieil ami poète, 96 ans aux prochaines cerises, tu n'as rien perdu et la poésie est toujours là à tes côtés, ce poème en est le témoin. Juste un peu engourdie par l'hiver et le froid, elle refleurira comme l'arbre au printemps.


mercredi 2 janvier 2019

Vers 2019

notre caravane dans le désert de Chinguetti - photo fabian da costa


Puissions-nous tous marcher, frères humains, vers ce puits d'eau vive, dans la paix, l'espérance et l'amour.

...Le puits que nous avions atteint ne ressemblait pas aux puits sahariens. Les puits sahariens sont de simples trous creusés dans le sable. Celui-là ressemblait à un puits de village. Mais il n'y avait là aucun village, et je croyais rêver.
- C'est étrange, dis-je au petit prince, tout est prêt : la poulie, le seau et la corde...
Il rit, toucha la corde, fit jouer la poulie. Et la poulie gémit comme gémit une vieille girouette quand le vent a longtemps dormi.
- Tu entends, dit le petit prince, nous réveillons ce puits et il chante...  

Eurydice...

                                   photo fabian da costa   Eurydice, Eurydice, je pense à toi ce soir. Il fait froid, il fait noir, et je t’...