photo © fabian da costa
La part des anges, ce miracle alchimique, cette vapeur subtile qui s'échappe des fûts d'alcool, dans les caves aux murs noircis par cette invisible buée.
La part des anges, ce n'est après tout que l'essence de l'être, offerte et en apparence perdue, qui doit s'évaporer pour que de cette perte naisse l'essentiel.
Sans doute parce que je suis née à Bordeaux dans le quartier des Chartrons, entre un fabricant de caisse à bouteilles et un chaix rempli de fûts sonores, tout ce qui se rapporte au vin résonne et me fait rêver à une enfance envolée.
Mais lorsqu'en moi sont venus sans raison apparente, ces mots : " Mais laissez-nous au moins la part des anges. " J'ai su tout de suite qu'il s'agissait d'autre chose encore. Quelque chose de si intime que j'ai mis quelque temps pour cela advienne, et un peu plus encore à l'écrire.
A bien regarder cette émotion qui se levait, j'ai vu qu'elle me parlait de cette part la plus secrète, la plus cachée de l'âme, qu'elle venait de ce lieu où nous-même avons tant de peine à aller. Là se tient, extrêmement fragile, ce qu'un souffle peut briser, une parole blesser. La part des anges qui revient à chacun est peut-être là, dans la caverne du cœur, impossible à nommer. Et pourtant, qu'un geste, une blessure l'atteigne, et nous voilà blessé, atteint.
Oui, laissez-nous cette part, nous voulons l'offrir aux Anges et seulement à eux, ces messagers soyeux, nos frères.
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