Faire du Gris
Ecoutant voici quelques
jours une émission à la radio sur l'édition, les livres et les revues, j'ai
enfin compris, découvert, une vérité que je soupçonnais sans parvenir à la
faire venir au jour.
Des graphistes, charmants
au demeurant, expliquaient que dans leur jargon de métier, un livre de textes
et d'images, se mettait en pages en planifiant tout d'abord les illustrations,
puis en calculant l'espace accordé à ce qu'ils nommaient " le gris ".
Ce fameux gris n'est autre
que le texte pondu par de pauvres tâcherons, dont j'ai fait partie, et qui se
sont en général appliqués à écrire sur un sujet de commande certes et en
général, mais avec tout leur cœur et éventuellement un peu de talent.
Ce gris n'est pas lu pour
la plupart du temps, sauf lorsque le texte est l'œuvre d'un écrivain célèbre,
ce gris ne sert en fait que de faire valoir aux illustrations. Et bien voilà
que j'ai envie aujourd'hui de rendre hommage à tous les faiseurs de gris,
scribouillards de petite main, nègres de toutes les couleurs.
Ces jours de fêtes sont
propices aux cadeaux de beaux livres. Alors je vous en prie, même si la plume
qui accompagne les magnifiques illustrations n'est pas de haute naissance,
lisez un peu du gris qui a coûté de la matière grise au pauvre écrivaillon qui
l'a barbouillé.
Et puis une dernière réflexion qui me vient : il y a encore pire que d'écrire du gris, c'est écrire du blanc. A savoir écrire pour rien ni pour personne.
Et puis une dernière réflexion qui me vient : il y a encore pire que d'écrire du gris, c'est écrire du blanc. A savoir écrire pour rien ni pour personne.
Anne, cela ne m'étonne pas que tu ais écrit. Et pourquoi pas quelque chose uniquement de toi?
RépondreSupprimerC'est très beau ce que tu écris. Tes mots ne sont pas gris pour moi, ils sont même une des raisons pour laquelle je reviens ici. Pour les mots.
RépondreSupprimerTon texte amène réflexion, c'est vrai que parfois, quand on consulte un livre d'images, un blog, par exemple, on passe outre le gris. Comme un futur amant, une future amante, en tout premier lieu, il nous importe peu malheureusement parfois de savoir ce qu'il ou elle a à dire, c'est le contenant ( pardon pour l'image ) qui nous intéresse d'abord et seulement une fois passé cette étape nous intéressons-nous au contenu.
Une image, une couverture de livre mal choisie peut également nous faire passer tout droit d'un gris qui aurait valu la peine d'être lu...contenant et contenu étant des vases communiquant mais passant parfois deux différents messages.
Il faut la curiosité de prendre le temps de découvrir. J'avoue souvent être attirée vers un livre par sa couverture, d'autres fois par son titre. Parfois je suis loin de la première impression une fois que j'ai tout lu.
Souhaitons de bonnes découvertes en tout lieu à ceux et celles qui s'attarderont au gris. 8)