dimanche 16 novembre 2014

Ce qui ne saurait être une fin

Kérala, backwaters, photo fabian da costa


   On peut quitter l'Inde et s'y trouver encore, revenir chez-soi heureux de revoir sa famille, ses amis, soulagé de ne plus devoir se laver les dents à l'eau minérale, de ne plus craindre les moustiques, la nourriture trop épicée, ravi de pouvoir à nouveau se jeter sur la salade, les crudités, les fruits, parfois plus redoutables qu'une douanière à l'aéroport de Delhi.

   On peut aimer son pays, sa ville, son village, être d'ici et pas d'ailleurs et quand même...quand même savoir que là-bas sont restés, oubliés comme une écharpe sur un banc, des petits morceaux de son âme, des petits bouts de son coeur. Pour ma part, j'en ai oublié beaucoup, un peu partout. 
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   J'en ai tant oublié que je ne me souviens plus vraiment ni des lieux ni des dates : je les retrouverai quand je repartirai. Mais je sais qu'en attendant il faut vivre ici avec le coeur et l'âme aussi ouverts que là-bas, garder vivantes la joie, la tendresse, la flamme qui nous semblait brûler de sa propre énergie et qu'il faut maintenant continuer d'alimenter. Quel beau travail en perspective !

   Qu'ils soient remerciés, tous ceux qui ont croisé notre route, qui nous ont donné leur visage, leur sourire, ceux qui nous ont bénis, qui ont partagé généreusement leur vie, leur savoir avec nous.
   Qu'elles soient remerciées, les vaches que l'Inde vénèrent tant, elles qui m'ont guérie de la peur panique que m'inspiraient leurs congénères, chez-moi, avec leurs grands yeux si doux, ourlés de noir, leurs colliers de perles et leur insistance à fourrer leurs mufles dans les sacs pour voir s'il n'y a vraiment rien à manger.
   Qu'ils soient remerciés les moustiques harceleurs, les rendez-vous aléatoires, les départs reportés, les arrivées retardées, car ils nous ont appris la patience. 

   Que soit aussi remerciée Bharat-Mata, Mother India, aussi douce, ardente, parfumée que puisse être une mère et, en même temps, si terriblement exigeante envers ses enfants, ne leur épargnant ni peine ni chagrin jusqu'au bout du chemin.
   Que soient remerciés les sages de tous les temps, qui ont sur cette terre reçu et redonné les clés d'une éternelle et universelle sagesse.

De l'irréel, mène-moi au réel,
De l'obscurité, mène-moi à la lumière,
De la mort, mène-moi à l'immortalité.
                                                    Brihadâranyaka Upanishad

" Vers l'Autre Rive " Un voyage au coeur de la spiritualité en Inde. Anne et Fabian da Costa. Editions Dervy

  

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