le Gange à Bénarès - photo fabian da costa
le Gange tombe du ciel sur la tête de Shiva,
de la tête de Shiva sur l'Himalaya,
de l'Himalaya dans la vaste plaine,
de la vaste plaine dans la mer plus vaste.
Ainsi, le Gange, de chute en chute, tombe dans l'immensité.
Bhartrihari, " La Centurie du renoncement " Paris, Ed. de la Différence.
C'est ainsi que la ville la plus sacrée de l'Inde choisit Shiva comme maître et gourou suprême, celui qui crée, qui maintient et détruit le monde dans une incessante danse cosmique.
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Les centaines de pèlerins qui pénètrent chaque jour dans l'eau sainte viennent eux aussi " méditer dans le lotus du coeur ", en invoquant Shiva. Ils se plongent trois fois dans le Gange en récitant les mantras appropriés, hommes, femmes parfois craintives accrochées au bras de leur époux, petits enfants effrayés que leur mère rassure.
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Un pèlerinage à Bénarès équivaut à faire tous les pèlerinages, et, irrésistiblement, les foules de croyants ou de touristes se retrouvent toujours au bord du fleuve, sur les ghats.
Toute la vie est là au bord du Gange, et tout ici paraît sacré. La puissance numineuse qui s'élève depuis le fleuve changeant au fil des heures, gris d'argent au matin et or rouge au coucher du soleil, les trompes, les clochettes, les mantras qui résonnent depuis les ghats jusqu'au pied de la ville, le bruissement de cette foule incessante confirment dans l'âme de chacun qu'il est en lui-même l'atman, la présence absolue de l'absolu.
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Sans doute Bénarès donne-t-elle à chacun ce qu'il veut recevoir. On peut y passer deux jours, cela suffit pour voir le ghat principal et celui des crémations, assister à l'arati du soir, acheter des soieries, lancer des cacahuètes aux singes du temple de Durga et repartir en s'étant bien gardé des microbes et de la pollution. J'ai le souvenir d'un groupe de touristes nippons, le visage et les pieds protégés par des masques et des chaussons d'un bleu délicieux, tout droit sortis d'une salle d'opération, courant sur les ghats derrière leur guide.
On peut choisir d'y vivre et, bien entendu , d'y mourir. On peut également y arriver avec une certaine frayeur et quitter la ville avec cette mélancolie, cette douce tristesse, ce regret de ne plus voir le Gange s'éveiller au soleil du matin, les barques glisser sur les eaux, et sur les berges, couler cet autre flot, celui des humains qui viennent ici comme leurs ancêtres et comme le feront leurs descendants, rendre hommage à Mère Ganga et au maître de l'univers, le grand passeur des âmes, Shiva.
" Vers l'Autre Rive " Un voyage au coeur de la spiritualité en Inde. Anne et Fabian da Costa.
Ed. Dervy
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