La mémoire, en tous cas la
mienne, fonctionne souvent par bonds arrière imprévus, rapprochements soudains,
qui font remonter à la surface, des images, des sensations, des musiques
oubliées, en fait juste recouvertes par la poussière du temps qui passe.
Voilà qu'un soir, ayant
décidé de ne plus lire les livres "sérieux " utiles à mon travail, je
tends la main vers une étagère et je prends le premier bouquin qui s'y trouve :
" Un pont sur l'infini " de Richard Bach, un vieux " J'ai Lu
" des années 80.
Livre agréable, tout plein
des belles idées de l'époque, qualifiées aujourd'hui encore de "New Age
", cela étant dit généralement avec un mépris amusé. Moi personnellement,
j'aime encore beaucoup de choses de ce fameux mouvement. " Peace and Love
" me plait mieux que " Guerre
et Haine ", " Faites l'amour pas la guerre ", me va bien aussi.
Courir dans l'herbe avec des fleurs dans les cheveux, même si ce n'est plus de
mon âge, me paraît toujours une belle
activité.
En un mot et même en
plusieurs, l'amour, l'utopie, l'espérance, et même une certaine naïveté, comme
par exemple de ne pas désespérer de la nature humaine, me semble des vertus à
cultiver avec persévérance.
Mais ce n'est pas de ce
livre dont j'ai voulu parler, mais plutôt de ce qui est revenu me trouver, comme
une vague revient sur la plage, en lisant la quatrième de couverture et en
découvrant que l'auteur était celui qui avait précédemment écrit " Jonathan Livingstone
le Goéland. "
En ce temps-là, dans les
années 70, je n'avais pas lu le livre, mais j'avais acheté le disque de Neil
Daimond, qui suit fidèlement le fil du récit initial. Comment avais-je pu, dans
ce que je vivais, dans ce que j'étais à
cette époque, prendre l'initiative d'acheter un disque, et celui-là
particulièrement ? C'était aussi probable que de voir un canard faire du
pédalo.
Et pourtant je l'ai fait,
et ma vie s'en est trouvée bouleversée. Non, je n'ai pas acheté un pédalo, mais
j'ai soudain entrevu un espace de liberté et d'envol qui ne m'était plus
interdit, j'ai entendu des paroles d'espoir, une musique qui ouvrait en moi des
horizons inconnus.
Voilà ce qui m'a submergée
et profondément émue, alors que bien calée sur mes oreillers j'entamais la
lecture de " Un pont sur l'infini ", excellent livre d'ailleurs, pour
qui veut encore croire dans l'amour et la bonté. Oui, malgré tout.
Sois comme
la page qui souffre sous le mot
pour en exprimer le terme
de ce qui est hors du temps
pendant que le soleil en exprime le jour
pour en exprimer le terme
de ce qui est hors du temps
pendant que le soleil en exprime le jour
Chante
comme le chant en recherche d’une voix
exprime le silence
et ce que l’Ultime
veut faire de ta voie
exprime le silence
et ce que l’Ultime
veut faire de ta voie
- Be – Neil Daimond –
Jonathan Livingstone le Goéland -
J'ai encore tous les livres de cet auteur pilote d'avion qui m'ont bien parlé à une époque.
RépondreSupprimerJ'aime bien ton article...oui, ne jetons pas les bons sentiments, ni l'utopie, ni l'espérance...
RépondreSupprimerLaissons les cyniques critiquer les hippies et les "New Ager"...et gardons, si ça nous plaît, nos idées "Peace and Love", bien moins démodées, au final, qu'un certain consumérisme ambiant...
J'ai redécouvert Richard Bach il y a deux ou trois ans...et ses livres sont toujours inspirants...ni naïfs, ni fleur bleue...PROFONDS.
Comme la citation que tu cites à la fin...