vendredi 17 août 2012

Le jour où j'ai embrassé le Minotaure




  Evidemment c'était gonflé, évidemment je n'étais pas préparée. J'avais dit : bon, Thésée l'a fait, donc il n'y a aucune raison que je ne le fasse pas aussi. Oui bien sûr, Thésée était protégé par Athéna et il a proprement exécuté la grosse bête. Moi, pour me protéger je n'avais que mon toupet et mon inconscience – c'était bien suffisant.

J'ai pris une torche, indispensable pour éclairer le chemin, et je suis entrée dans le labyrinthe. C'est très compliqué un labyrinthe et pas pratique du tout. C'est en vérité plus tordu que le cerveau d'un financier, plus menteur qu'une promesse électorale.

Oui, j'ai longuement erré, comme on peut le faire dans une banlieue parisienne à la recherche d'une improbable adresse, car il n'y avait pas encore de GPS prévu pour les labyrinthes à cette époque. J'ai tourné et retourné et ce faisant j'ai croisé tout au long des couloirs de bien étranges choses. Des petits bouts de ma vie, pas spécialement ceux dont j'aurais aimé me souvenir, des visages et quelques-uns que j'aurais préféré oublier, j'ai entendu des paroles que j'aurais mieux fait de retenir. La torche commençait à fumer et moi à m'énerver quand j'ai vu enfin une lumière, tout au fond.

Il était là, dans une vaste salle ronde, lumineuse, presque rassurante. Il était là tranquille et il me regardait bien en face. Aussi impressionnant que ce à quoi l'on peut s'attendre d'un pareil animal. Alors sans même le vouloir vraiment, je me suis approchée et je l'ai embrassé, là, entre les deux yeux, juste sous les cornes, là où j'ai toujours embrassé mes chats et mes chiens, parce que c'est si doux.

Ce qui c'est passé alors n'est pas racontable, désolée…mais je peux juste dire qu'entre lui et moi, je ne sais pas qui embrassait l'autre. Voilà, je ne suis pas prête d'oublier le jour où j'ai embrassé le Minotaure.











mercredi 15 août 2012

La grâce de l'Inde

photo fabian da costa


  La grâce de l'Inde est une grâce d'intériorité. C'est dans la mesure où soi-même on vit au-dedans qu'on est apte à comprendre l'Inde, et aussi à être entendu et compris de l'Inde. Inversement, à mesure que l'on pénètre au secret de l'Inde, on se découvre soi-même au dedans, on pénètre de plus en plus profondément dans l'abîme de soi.

Swami Abhishiktânanda ( Dom Henri le Saux )

Eurydice...

                                   photo fabian da costa   Eurydice, Eurydice, je pense à toi ce soir. Il fait froid, il fait noir, et je t’...