mercredi 26 décembre 2012

Lumière dans la nuit

Noël au Kérala - Inde - photo fabian da costa


Dans le ciel soudain,
Une belle étoile
De la sombre nuit
A percé le voile.
O puissants Mages,
Rois de l'Orient,
Adorez Jésus naissant !

Noël traditionnel auvergnat


samedi 22 décembre 2012

le vin chaud du 21.12.2012




    Je l'avais promis, et je l'ai fait. L'été dernier, dans la douceur du soir, au milieu d'une joyeuse tablée de voisins, la prochaine fin du monde prévue pour le 12 décembre s'étant invitée entre les verres de rouge et les grillades, j'avais annoncé que pour passer ce peut-être dernier jour sur terre en bonne compagnie, j'inviterai mes chers voisins au vin chaud de la fin du monde le soir du 21.12.12.

    Donc, le 21 décembre, je me suis retroussée les manches et j'ai ouvert mon ordinateur pour chercher la" meilleure recette de vin chaud ", vu que je n'en avais encore jamais  fait. Dans ma bassine à confiture, j'ai mélangé les zestes de citrons et d'oranges, les épices et un bon Cabernet Sauvignon. Cette délicieuse mixture a longuement chauffé et frémit avant de mitonner sur le poêle.

    Ils sont tous arrivés, avec suffisamment de provisions de bouches pour passer plusieurs jours de survie. le poêle était chaud, les coeurs également et le vin aussi qui passait joyeusement de la bassine à la louche, de la louche aux verres, des verres aux gosiers.

    De temps en temps nous nous réjouissions que la soirée s'avançant doucement, rien d'inquiétant ne semblait pouvoir la troubler. Et quand l'un d'entre-nous annonça qu'il voyait un long tentacule vert se faufiler sous la porte d'entrée, personne ne s'en est ému. Les 5 litres de vin chaud étant presque arrivés au niveau zéro de la bassine de cuivre, tout était normal, logique, et tellement agréable. Nous étions  même prêts à offrir nos dernières gouttes à un tentaculaire visiteur du soir.

    Et comme il faut bien se quitter, même le soir du 21 décembre 2012, ils sont tous repartis dans la nuit, à la lueur des lampes de poche et de l'étoile de Noël  qui se balançait sous l'auvent.

    Ce n'était pas le soir de la fin du monde, on s'en doutait un peu - c'était le soir de l'amitié, qui elle n'a pas de date, pas de fin.


   

jeudi 13 décembre 2012

Le 12.12.12



...quelque chose devait se passer...donc peut-être l'avancement de la fin du monde initialement prévue douze jours plus tard, ou bien un changement de niveau de conscience, ou l'ouverture d'un nouveau vortex, ou encore un astéroïde jusque-là planqué qui apparaîtrait dans le ciel de décembre - là c'était la plus mauvaise option.

     Et bien c'est plutôt celle-ci que nous avons vu arriver dans notre paisible campagne, sous la forme d'un charmant jeune homme, dépêché par un organisme chargé de mettre en place dans nos contrées reculées " L'assainissement non collectif. "

    Les technocrates européens qui ne savent vraiment pas quoi inventer pour faire plaisir, ont en effet pondu une directive qui oblige les communes de la dite Europe  à mettre aux normes l'ensemble des habitations qui ne sont pas raccordées à des stations d'épurations collectives.

    Donc, notre " quartier " campagnard vit arriver le 12.12.12. le charmant jeune homme en question qui venait inspecter les installations existantes dont je veux bien reconnaître la rusticité, mais dont on ne pouvait mettre en doute l'efficacité jusqu'à ce jour. 

    Et bien il sema sur son chemin la désolation et la terreur. Du haut de ses à peu près 25 ans aux dernières cerises, avec son charmant accent de Perpignan, tout en frottant ses oreilles rougies de froid, parce que " Hein ! chez-moi, il ne fait jamais froid comme çà ! ". Il annonça à tous les propriétaires pétrifiés d'horreur, premièrement qu'ils n'étaient absolument pas aux normes demandées - on s'en doutait un peu - et que dans les quatre ans à venir ils devraient effectuer les travaux nécessaires pour la modique somme de 9.000 à 15.000 euros. 
    
    Et voilà comment à cette date fatidique l'astéroïde nommé " Assainissement non collectif " s'est fracassé dans nos champs et notre village, provoquant une commotion cérébrale et des palpitations cardiaques aux malheureux habitants.

    Heu...à propos d'hygiène et d'assainissement, vous avez déjà entendu parler du bisphénol A,  des OGM, du gaz de schiste et de d'autres bricoles du même genre ?

    Bon, le 21 décembre 2012, j'offre le vin chaud de la " pas fin du monde " à mes voisins, histoire de se remonter le moral. De toute façon si c'est vraiment la fin du monde, autant la passer entre amis, et pour le cas contraire il faut se donner du courage pour attendre les nouvelles inventions des bons garçons, là-bas en Belgique, derrière leurs ordinateurs - je suis certaine qu'ils ont plein d'idées.



Mais où sont les toilettes d'antan...?
    

   





samedi 8 décembre 2012

Panne

photo fabian da costa



  La semaine dernière, au petit matin, panne d'électricité dans toute notre commune. Pas de neige, pas de vent, pas d'excuses. Comment cela pas de lumière, alors qu'il en faut presque toute la matinée ? Qu'il fait froid et que les radiateurs ne marchent pas encore à l'éolienne ?

La boite vocale du service dépannage EDF m'annonce que le courant reviendra vers midi. Donc recherche fébrile des bougies, des lampes de poche, des lampes à pétrole. Heureusement nous sommes principalement chauffés par un bon gros poêle à bois.

Que faire d'autre en pareil cas que de ne pas faire grand chose. Impossible de travailler sur l'ordinateur, de répondre au mails, de téléphoner, sauf à cramer le petit forfait de mon téléphone portable.

Donc, merci EDF pour une matinée calme et délicieuse à lire près du feu, sans remords, sans stress ni urgence. A midi comme promis, le courant est revenu. La lumière également, ainsi que le téléphone et l'ordinateur immédiatement rallumé comme si la marche du monde en dépendait.

Je n'irai pas jusqu'à souhaiter la prochaine panne qui ne manquera certainement pas d'arriver un de ces jours, mais enfin...


dimanche 25 novembre 2012

Pour rire le lundi

Que la Lumière soit - photo fabian da costa

    Bon, je n'ai pas résisté à emprunter sur un site ami ce texte de Desproges que je ne connaissais pas, grave lacune dans ma culture, ( ce texte-là, pas Desproges, quand même ! ) et qui m'a fait infiniment  rire. Et Dieu sait que les lundis matins me font rarement cet effet...
J'espère qu'il en sera de même pour vous tous. 
    Bonne semaine.


Le premier jour, Dieu dit: "Que la lumière soit." Et la lumière fut.

Le deuxième jour, Dieu créa le ciel et les étoiles, et les planètes.

Le troisième jour, Dieu créa Line Renaud, ce qui nous explique, avec le recul, qu'elle soit moins fraîche aujourd'hui.

Le quatrième jour, Dieu dit, "Que la Terre soit." Et la Terre fut, avec ses ruisseaux pleins de gaieté, les arbres pleins d'oiseaux et ses animaux pleins de poils.

Alors vint le cinquième jour, et Dieu créa la mer profonde et insondable aux multiples rivages et aux abysses infinis où, tandis que le requin chasse, le mérou pète.

Le sixième jour enfin, Dieu contempla son oeuvre et se dit soudain que toute cette splendeur ne servirait à rien s'il n'y mettait un être supérieur qui pourrait dominer ce trésor inépuisable. Alors Dieu dit:"Que l"homme soit", et le con fut.

Le septième jour, Dieu se reposa, car c'était son jour, et parce qu'il avait fait tout seul les trois-huit. Il était très satisfait de son oeuvre et contemplait l'homme qu'il avait crée à son image.

Et Dieu dit encore:" Tu t'appelleras Adam, tu me rendras grâce et louanges car c'est moi le patron, et tu vivras en paix dans l'Eden que j'ai crée pour toi, parmi les fleurs étranges aux mille senteurs inconnues et dans la douceur incroyable d'un été sans fin. Va et sois heureux, Adam. Le lion royal et l'humble chèvre sont tes amis, ton Dieu veille sur toi et les petits déjeuners sont servis dans la chambre jusqu'à neuf heures trente.

"Merci, mon Dieu, de me combler ainsi, dit Adam. Merci pour les fleurs, et pour le lion royal. Et merci pour l'humble chèvre. Dommage quand même qu'il n'y ait pas de gonzesse!" Alors Dieu, du haut de son infinie miséricorde, entendit l'ultime voeu de sa créature qui l'implorait à genoux, infiniment vulnérable et attendrissante avec sa petite âme mesquine et ridicule, dans ce corps tout nu, anarchiquement velu, le tout bourré d'angoisses existentielles insolubles:"Qui suis-je? Où suis-je? Où vais-je? Quand est-ce que c'est Noël?"

Alors Dieu dit:" Que la femme soit!" Et la femme jaillit de la côte d'Adam, splendide et nue, et les anges s'exstasièrent car c'était la première fois qu'on voyait une femme à poil sur la côte.

Puis Dieu dit à la femme: "Allez en paix tous les deux dans mon paradis, chantez, dansez, embrassez qui vous voudrez, mais surtout, surtout, j'insiste, ne touchez jamais au fruit défendu, il est traité au diphényl-tétra-chlorobenzène."

De ce jour, Adam et Eve connurent un bonheur exquis. Ils ne connaissaient pas le froid, ni la faim, ni la peur, ni la maladie, ni Julio Iglésias!

De l'aube au couchant, ils passaient leur temps à courir au ralenti dans les champs de coquelicots comme dans les films de Claude Sautet.

Mais l'ignoble, l'immonde, le chafouin, le répugnant, l'infâme, la bête, le monstre, Satan, Méphisto, Belzébuth, le Malin, le Diable veillait. Il était laid comme un concerto de Schönberg. Habilement grimé en vipère commune, il se cacha dans l'arbre aux fruits défendus. Quand Eve passa sous l'arbre, il laissa glisser son corps glacé, autour du cou diaphane de la pulpeuse jeune femme dont les seins lourds auraient joué librement sous le léger corsage de soie, si elle avait porté un léger corsage de soie.

"Femme, dit le diable, prends ce fruit superbe et gorgé de mille sucs divins de l'éternel paradis."

"Miam, miam, dit Eve en croquant dans la golden maudite. C'est tellement bon que c'est presque un péché."

Et elle en fit croquer un morceau à son concubin.

Alors la colère de Dieu fut terrible. Et c'est depuis ce jour là que l'homme, à jamais chassé de l'Eden, doit racheter sa faute par le travail. Dieu est peut-être éternel, mais pas autant que la connerie humaine.

Pierre Desproges

dimanche 18 novembre 2012

Dans le flux de la vie


 Hier après-midi, j'ai suivi un atelier animé par une disciple de Cyrille Javary sur l'utilisation du Yi King : j'y suis allée - bof...j'en suis revenue - ouah !!!

J'ai d'abord compris que je n'avais rien compris, ce qui est un bon début. Puis j'ai envisagé de considérer, ainsi que cela était proposé, que dans la vision taoïste de la vie 98 °/° de notre existence ne dépendent pas de notre volonté. Reste les 2 °/° à nous appartenant et que l'utilisation du Yi King peut nous permettre de placer dans ce fameux flux, qu'il vaut mieux accompagner plutôt que de contrarier.

Ensuite reste à acquérir les outils nécessaires aux tirages, et là j'ai découvert que je ne savais pas grand chose. Bon, tout cela pour dire que j'attends les ateliers à venir, et qu'en attendant je vais essayer de ne pas contrarier le courant de ma vie. Rien que cela est pour moi, un rude travail.

vendredi 9 novembre 2012

brûlure



Madurai - Temple de Meenakshi - Inde 
photo fabian da costa


Les hommes sont comme trois papillons devant la flamme d'une bougie.
Le premier s'en approche et dit :
" Moi je connais l'amour. "
Le second vient effleurer la flamme de ses ailes et dit :
" Moi je connais la brûlure de l'amour. "
Le troisième se jette au coeur de la flamme et succombe.
Lui seul connaît le véritable amour.

Rûmi


Et s'il n'y avait d'autre manière d'aimer que celle-là, lorsque le coeur s'embrase, fond et se perd.

mardi 6 novembre 2012

Prudence...




Temple de Shiva, Ernakulam, Inde. photo fabian da costa


Va de l'avant, allume tes bougies, fais brûler ton encens et tinter les cloches, appelle Dieu mais prends garde, Dieu va venir et il va préparer Son enclume, allumer Sa forge et te battre et te rebattre jusqu'à ce qu'il transforme le cuivre en or pur. 
Sant keshvada " Gayatri "

samedi 27 octobre 2012

Blues


    Un blues de gris et de pluie, un blues de froid et de neige annoncée, de changement d'heure qui va encore avancer la nuit qui se presse aux vitres de la maison. Bref le blues d'une qui n'aime ni le froid, ni la pluie, ni la neige, ni le noir trop tôt venu, et certainement pas l'hiver pour tout résumer en un mot.

    Une envie de chaleur, de doré, d'orangé, de rouge, de radiantes vibrations. Alors une image s'est imposée...celle-là.


    Bodgaya, le lieu sacré du bouddhisme, ici Siddharta trouva l'illumination sous l'arbre de la Bodhi. Un immense Ficus religiosa, frère du premier, abrite des centaines d'ex-votos comme ceux-ci.


    Et le souvenir encore, de ces deux moines profondément immergés dans leur marche méditative, rayonnant  d'une lumière intérieure que rien ne peut sembler obscurcir.



         Ici, c'est toujours le brouillard et la pluie, et le froid. Mais je viens d'allumer le poêle et la cheminée, de voir mon chat roulé en boule, le nez dans sa queue, dormir bien au chaud comme un bienheureux. C'est l'époque des soupes du soir, des potirons et des châtaignes, de quoi attendre le printemps sans trop de blues finalement.


jeudi 25 octobre 2012

Effacement

 


au pied du Vercors - photo fabian da costa



" Fondre comme la neige et se laver de soi."
Rumi



mercredi 17 octobre 2012

ce matin...

Vercors - photo fabian da costa



     Le ciel était de marbre gris et rose, avec à l'horizon une large bande de bleu, espoir de beau temps.  Ce matin, je me suis reprise à trois fois pour allumer mon poêle avec du bois trop gros, et je n'ai pas encore vu mon chat qui passe ses nuits à la belle étoile et me dépose devant la porte des souris en pièces détachées.

    Ce matin, je ne sais pas encore ce que je vais faire à déjeuner, ni si je vais trouver un peu d'inspiration pour écrire le livre sur lequel je travaille. 

    Ce matin, le poêle vient enfin de démarrer, le chat de rentrer, le ciel est de plus en plus rose et un vent fou secoue les feuilles du figuier.

    Ce matin, je vous souhaite un bon matin, et une bonne journée.

lundi 15 octobre 2012

Shakti



Bénarès - photo fabian da costa



 Cette puissance féminine créatrice de tout ce qui existe dans l'univers, cette force divine qui s'unit au masculin pour donner la vie, ainsi que le décrit un ancien texte du Cashmire :

" Chaque fois que Shiva et Shakti resserrent leur étreinte
 d'un espace égal à l'épaisseur d'un cheveu,
quelque part dans l'univers une galaxie disparaît.
Chaque fois qu'ils desserrent leur étreinte d'un cheveu,
Une nouvelle galaxie est née. "

            Malgré tout ce que nous pouvons savoir de la condition de la femme en Inde, et après tout sommes-nous bien certain d'être chez-nous des modèles en la matière, je persiste à croire et à voir, que la femme indienne possède cette shakti, tout autant que je trouve qu'elle fait cruellement défaut aux femmes occidentales. Cela bien entendu n'engage que moi, et je reconnais volontiers que je ne parle ici que de généralités.

            Sans doute est-ce grâce à cette force que les femmes indiennes ont résisté à tant de mauvais traitement dans les pires des cas, ou simplement aux coutumes contraignantes de la vie courante. L'Inde est quand même le pays qui s'est donné une femme premier ministre, où elles sont majoritairement à la tête des conseils municipaux, où les femmes médecins, avocates, chefs d'entreprises, ne se comptent pas.

            Mais ce qui me touche le plus, c'est la shakti ordinaire si j'ose dire, la flamme qui brûle discrète mais bien présente, dans ces femmes de tous les jours. Celle qui leur donne la fierté, la générosité, la noblesse qui transparaît dans les plus humbles paysannes. La shakti qui m'a fait je l'avoue rire de plaisir, je l'ai vu à l'œuvre à Madurai, dans l'immense temple de Meenakshi.

            Meenakshi est l'épouse de Shiva, sous l'un de ses nombreux noms. Son indispensable parèdre. Tous les soirs, en grand cortège et grande pompe, Shiva est conduit en palanquin rejoindre Meenakshi dans l'autel qui lui est consacré. Les rideaux sont tirés et les prêtres laissent pour la nuit, les divins époux s'aimer. Le lendemain matin, Shiva est reconduit dans sa demeure, et ainsi tous les jours.

Mais une fois par semaine, la déesse est déposée sur un char, uniquement tiré par les femmes. Meenakshi disparaît sous des dizaines de saris précieux et quantité de guirlandes de fleurs. Un taureau blanc et la fanfare du temple précèdent la procession qui fait le tour de l'enceinte du temple. Le char est très lourd et les femmes nombreuses à le faire rouler lentement dans la nuit. Les femmes, mais pas les hommes – sauf un malheureux inconscient, qui voulut s'immiscer dans la cohorte féminine accrochée aux montants du char. 

Grave erreur, car j'ai vu la Shakti courroucée lui en faire payer le prix. Une dame, ni très jeune, ni très grande, se tourna vers l'intrus et d'une main, car de l'autre elle s'agrippait à sa place, elle frappa violemment le pauvre homme avec son joli sac à main. Sous les coups redoublés, il dut se retirer piteusement et j'ai senti courir sous les saris, des ondes de profonde satisfaction.

           

vendredi 12 octobre 2012

Lumière pour un temps de Ténèbres





Temple de Meenakhsi à Madurai - photo fabian da costa



A jamais le monde qui est mien scintillera de 
cent lampes
Allumées à ta flamme
Déposées sur l'autel de Ton temple
Ici-bas.

Rabindrah Tagore - " de l'aube au crépuscule ".

mardi 9 octobre 2012

Sur les rives de la Narmada


 Gujarat- Inde - photo fabian da costa


    Le même fleuve de vie qui court à travers mes veines nuit et jour court à travers le monde et danse en pulsations rhytmées.
    C'est cette même vie qui pousse à travers la poudre de la terre sa joie en innombrables brins d'herbe, et éclate en fougueuses vagues de feuilles et de fleurs.
    C'est cette même vie que balancent flux et reflux dans l'océan-berceau de la naissance et de la mort.
    Je sens mes membres glorifiés au toucher de cette vie universelle. Et je m'enorgueillis, car le grand battement de la vie des âges, c'est dans mon sang qu'il danse en ce moment.

Rabindrath Tagore, l'Offrande Lyrique


dimanche 7 octobre 2012

Histoire de loirs...suite et fin...peut-être...




     Ne jamais se réjouir d'une apparente victoire sur la nature et sur les bêtes sauvages qui l'habitent. 

    Le cellier propre comme un sou neuf, trié, rangé du sol au plafond, un vrai bonheur. Sauf que quelques jours plus tard, ouvrant brusquement la porte, je vois une queue touffue dépasser d'une étagère, son propriétaire certainement persuadé de son invisibilité.
    Je tairai pudiquement les injures et malédictions proférées sur les loirs présents et à venir, avant la remise en place du piège qui avait si bien fonctionné. 
    Il faudra plusieurs jours avant que le coupable se fasse prendre, plusieurs jours durant lesquels le cellier fut à nouveau déshonoré. Mais enfin...

et de deux.

    Celui-ci est bien plus gros que le premier, ce qui nous fait penser qu'il s'agit peut-être là d'Oscar. Nous lui avons donc fait prendre le même chemin que sa "conjointe", afin de ne pas briser une belle histoire d'amour.

Dans le même bois.


Cherche-t-il déjà Oscarine ?


    Fin...enfin...nous l'espérons.


samedi 6 octobre 2012

Histoires de loirs...suite



    La négociation fut longue et infructueuse. Le locataire obstiné refusant de nous donner son congé il fallut passer à la ruse. Tout ce qui pouvait lui plaire fut enlevé, les pâtes, farines et autres denrées diverses et tentantes évacuées, une nasse garnie de fruits et de fromage posée sur l'étagère.

    Il dédaigna l'offrande et se mit à aimer ce que j'avais laissé, à savoir de la noix de coco rapée et des algues séchées ( si, si, il aime aussi. )

    Les grandes manoeuvres furent lancées. Dégagement de tout le cellier et découverte horrifiée des dégâts et saletés produits par un si petit corps - la nasse vidée, une jolie pomme posée en évidence juste devant la trappe. Le lendemain, la pomme  à moitié rongée était remise dans la nasse. Et là, le triomphe de la justice et du droit.


 
Et voilà le travail.


    Restait à évacuer doucement mais fermement celui que nous appellions familièrement Oscar, mais qui pourrait bien être une Oscarine...
    La nasse dans le coffre de la voiture et lâcher, 10 kilomètres plus loin, au milieu d'un bois, vers une bâtisse désaffectée mais susceptible d'offrir un abri pour l'hiver, de la bestiole.


Et avec des provisions en plus.

    
    A suivre...



    

Histoires de loirs



    Comme c'est charmant au mois de juillet, un petit loir venu goûter les figues encore vertes...






    Comme c'est mignon à l'entrée de l'automne, un petit loir qui cherche un nid dans les pierres de notre mur.






    Comme c'est castatrophiquement adorable, un petit loir qui a trouvé le chemin du cellier et qui pense s'y installer pour l'hiver.


    A suivre...

lundi 1 octobre 2012

Une idée...Le film




Et voilà l'enfant, un temps de gestation plus long que pour un éléphant, et un si petit poids. Juste le poids des éclats de vie qui y sont enchâssés.*






Il arrive ainsi que notre vie passe devant nous, souriante, affairée sur la terre bienheureuse. Elle passe, elle nous ignore. Son pas est léger comme la neige. Son visage est fin comme du ciel. Nous la contemplons en retenons notre souffle.
 Christian Bobin - " Souveraineté du vide "



* DVD en vente au prix de 20 euros port compris, chez 


26190 Rochechinard
contact : fabian.da.costa@wanadoo.fr 


du même auteur d'autres films 






















dimanche 30 septembre 2012

Une idée...suite...3

      

     Laurent, notre facteur, l'un de nos fils rouges, non celui-là est jaune, au long des routes et chemins de Rochechinard.

    Incroyable gentillesse et disponibilité de tous, une municipalité qui nous fait confiance, le dévouement sans bornes d'amies dont les talents  nous ont permis d'avancer dans la jungle des budgets, des administrations, des déclarations sociales et autres, cadeaux, toujours cadeaux.

    Mais que voulions nous dire à travers ces images, ces témoignages, ces rencontres ? Que la vie avec ses difficultés et ses contradictions est encore possible dans nos campagnes. Qu'il s'y trouve des réseaux d'amitié, des projets, des rêves, des capacités d'adaptation, et aussi des tristesses, des problèmes lourds à porter. Comme partout. Mais ici, ce n'est pas partout, c'est juste chez-nous.






     La vie comme elle va, de générations en générations, des années 1900 à l'an 2010, des anciens aux nouveaux habitants, dans la même maison, pour la fête de la Vie.

   





    A suivre...
    


samedi 29 septembre 2012

Une idée...suite...2


     Veilleur des jours et des nuits de notre village, il est le témoin de la vie de Rochechinard depuis le 12ème siècle. En ruines certes, mais il n'en demeure pas moins l'un des acteurs silencieux du film.




    Je n'avais jamais participé à une aventure comme celle-ci. Je ne sais trop comment peut se nommer la fonction que j'ai eu l'honneur d'occuper, mais je me souviens de nombreuses heures passées au téléphone, d'approches timides,  de confidences confiantes, d'amis que l'on croit connaître mais que l'on découvre encore plus profondément.




    Les portes ce sont ouvertes et les coeurs aussi, dans l'intimité des maisons, dans le quotidien des jours.




    Nous avons beaucoup partagé : des moments de beauté pure, des tasses de café, des jus de fruits, des verres de blanc, de vin de noix, des rires et mêmes des larmes dans les yeux ou dans les voix, car la vie n'est pas toujours idyllique, même ici, dans ce qui peut sembler un petit paradis.


    A suivre...



vendredi 28 septembre 2012

Une idée...suite...En chantier



    Entre le jaillissement de l'idée lumineuse précédente et le stade - tableaux, petits papiers, notes éparses - il y eut plus d'une année laborieuse sans un seul tour de manivelle, enfin, de manivelle virtuelle bien entendu. Des mois passés à prendre des contacts avec les habitants de notre village afin de savoir s'ils accepteraient d'être les principaux acteurs du projet. Des mois passés à chercher des subventions qui permettent de faire un vrai film, avec une vraie équipe de professionnels.

    Et puis une autre année encore, de montages financiers, de rencontres officielles et de rencontres amicales, souvent émouvantes avec nos voisins, nos futures vedettes, pour expliquer la démarche, le propos. Et les premiers tournages, enfin.



Nous avons eu de vrais cadeaux : 


Une équipe d'amis totalement professionnels.



Un violoniste improvisateur.

     
 
 Et même un avion.

    
    A suivre...





Une idée...

fabian....le filmeur

     Je le connais bien celui-là, autrefois on aurait dit qu'il était ma moitié...mais je le préfère en entier. Donc lui, qui dort d'habitude comme un loir, mais c'est faux... je peux témoigner que les loirs font sarabandes nocturnes, donc qui dort mieux qu'un loir, se lève un beau matin en disant " j'ai eu une insomnie et une idée." 

    J'aurais dû me méfier, une idée au milieu de l'insomnie de quelqu'un qui en fait si rarement, cela pouvait se révéler dangereux. 

    - " Voilà continue l'insomniaque amateur, je viens de faire un film sur un village en Inde, il faut que j'en fasse un sur mon village en France.     
    
    Effectivement, c'était une idée :



        Etikoppaka, " petit village " de l'Andra Pradesh, deux à trois mille âmes, est remarquable par ses nombreuses coopératives, fruits de l'esprit gandhien qui l'anime encore. A la suite de la visite du Mahatma, le grand propriétaire de l'époque, décide d'installer sur ses terres, des coopératives  qui permettront aux villageois de rester chez eux et de ne pas aller grossir les bidonvilles urbains. 
   Aujourd'hui le village vit de ses coopératives laitière, sucrière, et d'objets en bois tournés et laqués. Leur vie nous semblerait sans doute pauvre, mais ils ne sont pas misérables. Leurs enfants sont éduqués, les soins sont assurés et le souhait de Gandhi qui voyait le salut de l'Inde dans le maintient des paysans sur leurs terres, est exaucé. 

    Et puis :



    Rochechinard, dans le Royans, au pied du Vercors. Une centaine d'habitants, notre village depuis vingt ans. Autrefois village essentiellement agricole, aujourd'hui ne reste que trois ou quatre éleveurs, producteurs de céréales. Les anciennes familles sont toujours là, mais presque tout le monde y compris les jeunes bien entendu, travaille au-dehors.
    Depuis une quinzaine d'années des néoruraux comme nous, sont venus s'installer ici, dans un cadre encore miraculeusement protégé, influençant à la fois le paysage et les rapports humains. Comment chacun peut-il trouver sa place, son gagne-pain, son art de vivre dans un XXIème siècle où plus rien ne semble stable, sécurisant ? Ici, dans ce tout petit bout de terre, dans ce petit morceau d'humanité...

    Ma foi, l'idée était vraiment belle et je me suis inscrite pour cette nouvelle aventure.

     


    A suivre......... 
    





















jeudi 27 septembre 2012

Les figues de l'année




Je ne sais pas pourquoi cette année, le grand figuier qui ombre notre terrasse nous a donné des figues insipides quoique nombreuses. Donc le projet confitures tomba à l'eau et mon courage avec. A part quelques figues prélevées et goûtées sans enthousiasme, nous avons décidé de les laisser aux oiseaux pour cet automne.

Et bien ce fut une bonne idée,  car nous prenons maintenant notre petit déjeuner face au soleil levant, devant des dizaines d'oiseaux en train de se régaler, ils sont moins difficiles que nous, des fruits abandonnés.

Non seulement les oiseaux mais aussi la belle fouine que j'ai surprise au petit matin, au plus haut d'une branche en train de dévorer les figues avec beaucoup moins de délicatesse que les oiseaux.

Donc, moralité immorale, la paresse est parfois récompensée.

vendredi 21 septembre 2012

Pour s'encourager à se lever tôt...

Bombay - photo fabian da costa


Je rencontrai Dieu ce matin,
au meilleur de ma journée ;
Et sa présence vint comme une aurore,
Comme une splendeur dans ma poitrine.
Tout le jour sa présence persista,
Tout le jour, Elle séjourna en moi,
Et nous navigâmes dans un calme parfait
Sur une mer très agitée.
Ainsi je pense connaître le secret
Appris des nombreux chemins troublés :
Il faut le chercher au matin
Si vous le voulez tout le jour.
Ralph Cushman in " Contemplez ces vérités ". Swami Chidananda. Ed. Terre du Ciel



Eurydice...

                                   photo fabian da costa   Eurydice, Eurydice, je pense à toi ce soir. Il fait froid, il fait noir, et je t’...