mercredi 28 mai 2014

Epices et parfums d'orient


                        Constantinople, l'an 1096, sur les quais de Péra     

 


     Pour l'heure, Marco le Génois et Ludo le Pisan, buvaient ensemble le vin grec que le cabaretier venait de renouveler dans leurs gobelets.
 –  Laisse là le pichet, dit Ludo, nous avons très soif. Que rapportes-tu dans ton vieux bateau pourri ? demanda-t'il  à Marco.
– Du blé.
 - Simplement du blé, rien d'autre vraiment ? Toute une galiote de vingt gaillards pour du blé ?  Marco se resservit largement avant de répondre.
-  Des esclaves aussi. Comme nous n'avions plus de place dans la cale, nous les avons mis aux bancs de rame jusqu'ici. Après leur vente, nous embaucherons de nouveaux rameurs pour repartir.
            Ludo essaya de sourire, ce qui équivalait pour lui à découvrir des dents largement pourries. Son visage était barré d'une horrible et profonde entaille qui commençait sur la lèvre inférieure pour se terminer loin dans le cuir chevelu.
Les routes maritimes étaient aussi encombrées que peu sûres, dans ces parages. La différence entre marins et pirates, marchands et pillards, était bien faible. Il n'avait jamais su quelle main tenait la hache qui lui avait fendu la figure, le jour où son bateau avait été attaqué au large des côtes d'Amalfi.
        Heureusement pour lui, Ludo avait de l'or dans sa ceinture, de l'or qui permettait de payer le médecin arabe qui l'avait recousu et sauvé. Rares étaient les chirurgiens qui employaient un analgésique durant leurs interventions - quelques juifs parfois - mais les Grecs s'y risquaient peu, craignant de voir leurs patients endormis pour toujours. Ils tentaient plus souvent d'atténuer leurs souffrances, en utilisant le pouvoir du lotus bleu qui ouvrait le matin pour les refermer le soir, des fleurs céruléennes et sédatives.
Ludo avait été emporté d'une main experte par quelques larmes rougeâtres, extraites des graines de pavot. Ce suc affreusement amer lui avait été administré mélangé à du miel. Une bienheureuse torpeur l'avait envahi ; un bourdonnement d'abeilles géantes, une chute molle et douce dans un profond abîme dont il était revenu défiguré à jamais certes, mais suffisamment réparé pour reprendre une vie normale. Une vie moins risquée que celle d'avant, une vie de marchand assez riche pour avoir sur les quais de Péra son entrepôt approvisionné par des bateaux qui lui appartenaient, mais sur lesquels il ne naviguait plus. 
D'autres marins plus jeunes et surtout moins nantis, rapportaient pour lui dans les cales de leurs navires, la cannelle, le gingembre, le poivre et le safran. Epices recherchées et fines venues des Indes, qui voisinaient dans ses réserves avec le santal, la myrrhe, le benjoin. Toutes ces essences rares arrivaient ici dans des sacs poisseux de larmes lourdes et grasses qui suintaient à travers les grosses toiles de jute, ou bien  enfermées dans des vases de terre cuite. Lorsque Ludo ôtait la cire et le liège qui en gardaient le contenu, les parfums longtemps retenus s'élevaient dans l'air, si violents, qu'on aurait pu les croire vivants et marchant dans les allées, venant à la rencontre de ceux qui se penchaient au-dessus de leurs puissantes effluves. 

 Anne da Costa " Anne Comnène Princesse de Byzance " ( en écriture )

samedi 24 mai 2014

Du bon usage du ménage



photo fabian da costa


   Non, je ne suis pas du genre maniaco-compulsive : " Je vais faire mon carrelage et mes vitres, juste avant de mettre en route, ma tête de veau et mes pieds paquets.

   Mais je dois reconnaître que peu de choses me semblent aussi rapidement satisfaisantes que le ménage. C'est sale, on lave, c'est propre - il y a de la poussière, on essuie, ça brille - les poubelles débordent,  on les vide, c'est terminé.

   La récompense est là tout de suite, accompagnée d'un délicieux sentiment de devoir accompli. Parce que sinon, autrement, d'autres fois, dans d'autres domaines : on fait un mail et on ne voit pas venir la réponse, on laisse un message sur répondeur et personne ne rappelle, on ouvre l'écran blanc de l'ordinateur et l'inspiration n'est pas là, on attend un contrat et la boite aux lettres reste désespérément vide, ( sauf la pub et les factures )

   Donc peu de choses donnent autant de plaisir immédiat que de faire le ménage : sauf peut-être une plaque de chocolat noir aux oranges confites...

   Mais bon, il faut considérer objectivement que ce n'est jamais fait une fois pour toutes et que ce plaisir revient avec une régularité qui peut devenir lassante. Vous me direz qu'il en est ainsi de toutes les choses de la vie : ce n'est pas faux.

   Malgré tout j'espère que ces quelques lignes ne tomberont pas sous les yeux de la gent masculine qui vit sous mon toit, et j'inclus mon chat...
   
   Femmes, mes soeurs, vous me comprenez à demi-mot, il n'est pas utile de leur donner des bâtons pour me faire battre.




vendredi 23 mai 2014

L'Inde en Isère




 Du début du mois de Juin à la fin de Septembre, venez nous retrouver sur le chemin des épices et  des arbres de l'Inde. Au Couvent des Carmes
 de Beauvoir-en-Royans en Isère. 
photos fabian da costa - textes et présentation anne da costa




 Nous avons ramené des parfums de gingembre, de cannelle, de girofle. Nous avons parcouru les rues des vieux quartiers depuis toujours dédiés au commerce des épices.



Nous nous sommes laissés glisser le long des canaux qui sillonnent le Kérala, sous les cocotiers qui donnent généreusement leurs feuilles, leurs fruits et leur fibre, pour la vie quotidienne des hommes.


 

Nous avons vu des arbres divinisés et des divinités cachés dans les arbres.



Venez, si vous le souhaitez, marcher, respirer, rêver, sur les chemins de l'Inde, avec nous.




 

mercredi 21 mai 2014

Invitation

Un pèlerin Sikh sur les routes et les chemins - photo fabian da costa



"Il existe une vitalité, une force de vie, une énergie, une stimulation qui se traduit en vous par une action, et parce que qu'il n'existe qu'une seule personne comme vous dans tous les temps, cette expression est unique.
Si vous la bloquez, elle n'existera jamais dans aucun autre milieu et elle sera perdue."

Martha Graham



lundi 19 mai 2014

Un pèlerinage...fin...pour le moment...


Baba Om Giri et son disciple - photo fabian da costa


Non, je ne suis pas morte, heureusement, parce que franchement je ne me sentais pas prête pour la grande rencontre. Mais mon état est toujours aussi préoccupant. Fabian pourrait continuer jusqu'au bout avec notre guide en me laissant au camp, mais je dois absolument redescendre rapidement et il ne veut pas me laisser seule avec un des porteurs pour le retour.

Donc, la troupe fait ses bagages et nous repartons pour quatre heures de descente qui seront encore quatre heures de souffrances. J'ai trop attendu et il me faudra plusieurs jours pour récupérer du souffle et des jambes.

Nous ne verrons pas Gaumuk et la bouche grande ouverte dans la montagne qui laisse échapper entre les moraines grises une eau blanche et bondissante. Une eau glacée dans laquelle les sâdhus osent se baigner presque nus. Et encore moins Tapovan, plus difficile d'accès car il faut escalader parfois dangereusement la moraine glissante.

Certains vont plus loin, plus haut, vers toujours davantage de solitude et de majesté. Les montagnes ne sont plus seulement des montagnes, mais les incarnations vivantes des dieux, l'espace est chargé des énergies spirituelles de tous ceux qui ont franchi les épreuves parfois très dures, de ce parcours.

Nous avons fait étape avant le retour vers la vallée, dans une petite bourgade réputée pour ses sources d'eau chaude. J'y ai baigné mes courbatures et mes douleurs, j'y ai aussi rafraîchi mon âme.

Tout près du temple, dans une petite cellule, vivent un sâdhu et son disciple. J'ai mis un jour au moins, avant d'oser m'approcher d'eux et de m'asseoir sur l'étroite banquette, devant le feu sacré toujours entretenu par le disciple. Celui-là surtout m'impressionnait : d'apparence, redoutable shivaïte, il était en fait doux comme un agneau. Tout au long du jour hommes, femmes et enfants, entraient dans la cellule, saluaient le maître, et recevaient de son compagnon une marque de cendres sur le front, une poignée de douceurs, et pour les plus démunis quelques roupies données juste avant  par d'autres pèlerins.

Lors de notre dernière visite, avant le départ, j'ai confié à Baba Om Giri, ma tristesse et ma déception devant l'échec de notre pèlerinage raté à cause de moi. Il m'a regardé longuement tout en tirant sur son chilom : " Dieu est partout, et pas seulement à Gaumuk, ni à Tapovan. Ce n'est pas grave, Dieu est dans ton cœur, toujours."

Venant d'un homme qui dès son adolescence s'est consacré à la recherche de Dieu, qui a passé des années là-haut sur les Himalayas, retiré dans une grotte d'où il ne descendait que rarement pour chercher quelques provisions, des heures de marche plus loin, ces paroles m'ont consolé, rassuré.

Alors, si la force et la valeur d'un pèlerinage ne se mesurent pas au nombre de kilomètres accomplis et si comme on le dit, le chemin et le but sont une même chose, toute cette aventure n'a pas été inutile. Alors marcher ainsi, c'est marcher vers son coeur, marcher vers le divin. Il n'y a d'autres conquêtes ici que celle de l'amour, y compris pour ce pauvre soi si faible et désarmé.




dimanche 18 mai 2014

un pèlerinage IV

Le Gange près de sa source, les Himalayas dans les nuages
photo fabian da costa


Le sol et les berges scintillent d'innombrables étincelles de mica arrachées aux roches par les flots. Les pics enneigés là-haut sont comme des torches de pierres vives qui se dressent devant une barrière blanche encore plus haute.

Je ne vais pas mieux, mais de pire en pire. J'alterne les invocations  aux saints de tous les cieux, des crises de colères contre moi, contre Fabian qui marche plus loin devant, pour faire son travail de photographe. La veille j'ai acheté un mala, un chapelet  de perles vertes dans une des nombreuses échoppes d'objets de piété, je l'ai mis autour de mon cou  avant le départ, comme une protection. Et bien il ne me sert à rien et je suis furieuse et malheureuse.      

Où sont passées mes belles résolutions d'acceptation de ce qui est, mes promesses d'accueillir avec gratitude ce que la vie me présente, mon désir de m'unir par la prière à tous ceux qui m'ont précédé ? Je ne suis plus qu'un corps souffrant qui ne peut plus avancer et un cœur révolté.

Malgré tout Rani presse le pas, il nous faut arriver avant 18 heures au camp - les porteurs y sont déjà - il faut surtout se méfier de la brume et de la pluie qui en cette saison, chaque soir, enveloppent la montagne et rendent les pierres rondes et luisantes encore plus dangereuses.

Il me donne la main aux passages les plus ardus, me pousse ou me tire, me donne à boire des jus de fruits qu'il tire de son sac qui semble inépuisable, m'offre des nourritures que je refuse car je ne peux rien avaler.

A quelques centaines de mètres en contrebas on aperçoit les pins de Chirbasa, le camp enfin. Mais je suis tellement épuisée que je ne peux m'empêcher de continuer à pleurer, et ce n'est pas de joie. Le camp comme un havre enfin atteint, le camp pour se reposer, se coucher. Notre agent de voyage d'Uttarkashi nous avait promis un lieu confortable, de l'eau chaude, des toilettes…de quoi reprendre des forces pour la journée suivante.

Le camp, c'est une minuscule tente igloo bleue qui n'en était pas à sa première excursion, de très léger matelas de sol posés à terre comme leur nom le laissait à penser, une bouilloire d'eau chaude et des " toilettes…" dont je ne parlerai pas. Mais quelle importance, en bonne forme nous nous en serions facilement contenté, épuisés, nous l'avons apprécié.

Nous nous couchons tout habillés, juste retirer les chaussures, et encore parce qu'il le faut bien. La nuit sera longue et glaciale bien entendu, nous sommes à plus de 4.000 mètres. Pour moi, rien ne va mieux et j'ai peur de m'endormir et de ne pas me réveiller. Je sais que c'est arrivé ici même, à des gens plus jeunes et plus aguerris que moi. Il était déjà impossible de redescendre tout à l'heure avant la nuit, il en est hors de question maintenant dans le noir absolu et c'est pourtant le seul remède au mal des montagnes.

Vers deux heures du matin je me traîne hors de la tente, la nuit est magique. Le ciel semble si proche au-dessus de moi, que je pourrais toucher du doigt les milliers d'étoiles incroyablement brillantes qui le constelle. Je ne sais comment, les sommets couverts de neige qui nous entoure me paraissent rayonner d'une lumière intérieure. Finalement mourir ici, pourquoi pas ?

Pèlerinage III...

Le sentier vers la première étape - photo fabian da costa




       J'ai fait bien pire certes, et je ne comprends pas pourquoi les premiers escaliers de pierre qui conduisent à l'entrée du sentier, me coupent déjà les jambes, mon guide me rassure, c'est normal au début d'avoir un peu de peine avec l'altitude.

Rani est ce que l'Inde peut produire de meilleur dans l'espèce humaine. Il va se révéler un guide parfait, attentionné, précis, et pour moi il va être mon père et ma mère dans ce qui va devenir au fil des heures un vrai calvaire.

Pour l'instant c'est juste difficile d'avancer au rythme de l'équipe, mais je suis, nous sommes si heureux. Nous l'avons voulu, souhaité, ce pèlerinage. Nous avons rêvé de mettre nos pas dans ceux des milliers de pèlerins qui l'ont parcouru avant nous. 

Nous traversons quelques bois clairsemés, le soleil est éclatant, le ciel d'une incroyable pureté, la rivière roule vivement à nos pieds, nous la suivrons de plus en plus haut, et elle sera de plus en plus présente par son bruit incessant. Nous ne sommes pas seuls, quelques sâdhous pieds nus, au mieux chaussés de tongs, des jeunes gens qui filent comme l'éclair, des presque courageux qui marchent à côté des mulets qui portent leurs bagages, des encore plus courageux, montés sur les mulets qui ont le sabot sûr, mais quand même, certains passages sont si vertigineusement  étroits 

Cette fois je ne me fais plus d'illusion, malgré mes prises frénétiques des médicaments conseillés j'ai le mal des montagnes. Rani porte mon sac en plus du sien, je trébuche et je titube tous les dix pas. Mes pieds pèsent des tonnes, mes bras sont écrasés dans un étau, mon crâne est trop petit pour ma cervelle qui me semble prête à exploser, j'ai de violentes nausées.
 
       On s'arrête souvent pour que je récupère, il n'est pas question de revenir en arrière, tout ce chemin, tous ces projets ne peuvent se terminer ainsi. Petit à petit, certainement, je vais m'habituer, je vais aller mieux

samedi 17 mai 2014

Un pèlerinage...II

Arrivée à Gangotri - 5 kms de bouchon - tout le monde descend, sauf les personnes impotentes ou paresseuses, qui terminent le chemin en palanquin
photos fabian da costa


 Il est hors de question d'entrer en voiture dans la ville. L'affluence est telle que nous trouvons un embouteillage de véhicules enchevêtrés entre colonne montante et descendante. C'est à pied, en nous faufilant entre les carrosseries chauffées à blanc, au milieu d'une foule chargée de paquets divers que nous parvenons jusqu'à notre hôtel.


Gangotri est une grosse bourgade installée sur les deux rives de la Bhagirathi qui s'appellera le Gange quelques kilomètres plus bas. La rue principale et quasiment unique, est occupée comme dans toutes les villes de pèlerinage par les longues files de mendiants, de sâdhus, de petites marchandes, assis sur le sol devant les boutiques de vêtements chauds, de souliers de marche, d'objets de piété, de nourritures diverses. 

Il commence à faire froid, nous sommes fatigués par les heures de route mais notre guide nous entraîne à sa suite au bas de la ville, vers les chutes d'eau bouillonnantes qui ont au fil des siècles formé de vastes puits creusés dans la roche. Je suis étonnée d'avoir tant de peine à remonter les escaliers de bois qui ne sont pourtant pas bien terribles : mais une nuit de repos et demain tout ira mieux.



La nuit est courte, mauvaise à cause d'un mal de tête tenace, mais l'excitation du départ fait tout oublier. Notre équipe est au grand complet devant l'hôtel qui se trouve juste au démarrage du sentier. Les porteurs sont déjà chargés comme des mules, nous partons pour 5 jours : un jour jusqu'à la première étape de 9 kilomètres où nous  camperons à Chirbasa, le lendemain, 5 kilomètres jusqu'à Bhojbasa, " le lieu des bouleaux ", une nuit sous tente avant de remonter jusqu'à Gaumuk, la " Tête de la vache ", la naissance du Gange, et retour à Gangotri. Quatorze kilomètres réputés assez faciles, avec une dénivellation des plus confortable. Nous avons fait bien pire dans notre Vercors.

vendredi 16 mai 2014

Un pèlerinage...

La carte du pèlerinage aux quatre sources du Gange- photo fabian da costa

Parmi les plus grands et les plus exigeants pèlerinages de l'Inde, se trouve celui des Sources du Gange, le Char Dham Yatra, le pèlerinage aux quatre sources du Gange, qui dès la fonte des neiges rassemble des millions de dévots.
Ces quatre sources se trouvent dans les Himalayas indiens,  à des altitudes qui varient entre 3.100 et 4.000 m d'altitude

Nous connaissions le Gange à Bénarès, celui dont les longues courbes bordent les rives de la ville sainte, celui qui depuis des siècles voit les millions de pèlerins, prier, se baigner, se purifier. Nous connaissions aussi le Gange vif et joyeux qui roule de rapides en cascades jusqu'à Rishikesh, la ville des saints et des sages.

Mais nous rêvions tous les deux de monter jusqu'à l'une de ses sources, celle de Gaumuk en l'occurrence, pour voir jaillir de la montagne le Gange, jeune et bondissant - un vrai rêve que nous avons longuement préparé - équipement, entraînement, choix d'une agence de voyage pour nous faire accompagner d'un guide expérimenté.

Uttarkashi à 1.350 mètres d'altitude, est le point de départ de notre expédition, là où nous devons rencontrer nos compagnons d'aventure. C'est une petite ville à l'échelle de l'Inde, installée sur les deux rives de la Bhagirathi et dont les principales ressources proviennent de l'afflux des pèlerins qui font étape, avant l'assaut vers les vraies hauteurs. Nous découvrons une véritable équipe : le guide, deux porteurs, un cuisinier et le chauffeur qui va nous emmener jusqu'à Gangotri.

Au petit matin notre jeep se mêle sur la route aux bus bondés, aux 4 X 4 pour pèlerins aisés, aux voitures de tous âges et de toutes provenances, et se lance à l'assaut des virages qui vont se succéder presque sans interruption jusqu'à Gangotri, croisant à fracas de trompes et de klaxons les convois qui en reviennent.

Sereins et placides, les sâdhus, solitaires ou bien par deux, avancent tranquillement le long de cette horde bruyante sans en paraître inquiets. La route suit l'ancien chemin de pèlerinage, celui d'avant le goudron et le fumée des pots d'échappement, quand les bêtes sauvages rôdaient dans les forêts et que de rustiques abris accueillaient les courageux marcheurs de Dieu.


 Si peu de bagages pour un si long chemin - photo fabian da costa

jeudi 15 mai 2014

L'Inde des arbres et des épices...tout un été...avec nous...


L'Inde des Arbres et des Epices


Peu de choses en Inde ne sont que ce qu'elles semblent être. Et ce qui appartient à la nature encore moins que tout autre. Un arbre est un arbre, mais bien plus encore le signe, le témoin de la pénétration du divin dans la création. Sacré comme le banian sous lequel Bouddha trouva l'illumination, indispensable comme le cocotier qui de son fruit à sa fibre, en passant par ses feuilles, accompagne les hommes dans leur vie quotidienne.

Pour les épices, les hommes se sont jetés sur les mers inconnues et hostiles, ont tracé des routes à travers les déserts. Pour ces graines sèches, ces végétaux de si peu d'apparence, des guerres, des massacres ont accompagné la convoitise des grands capitaines, le désir des rois, l'avidité des marchands. Ils s'appelaient Marco Polo, Vasco de Gama, pour les plus célèbres. Et tant d'autres qui risquèrent leurs vies pour ramener des terres lointaines ces trésors de goût, de senteurs inégalées.

Aujourd'hui encore, les hommes ne veulent pas vivre sans la beauté et la protection des arbres, et toujours les épices parfument, transcendent et relèvent les plats les plus ordinaires ou les mets les plus raffinés.

Que cette promenade en images et en parfums, donne à chacun l'envie et le goût de connaître toujours davantage les bienfaits d'une nature riche et généreuse. 

anne da costa




Eurydice...

                                   photo fabian da costa   Eurydice, Eurydice, je pense à toi ce soir. Il fait froid, il fait noir, et je t’...