samedi 29 novembre 2014
mercredi 26 novembre 2014
Destinée
J'ai été semé par fidélité pour Celui au visage de lune
Que je le veuille ou non, je suis obligé de croître
Il est l'Eau de la vie éternelle, et je suis le ruisseau
Et quand l'Eau me cherche, je cherche en cet instant.
Djalâl-ud-dîn Rûmi
mardi 25 novembre 2014
Origine
photo fabian da costa
Je viens de cette âme qui est l'origine de toutes les âmes
Je suis de cette ville qui est la ville de ceux qui sont sans ville
Le chemin de cette ville n'a pas de fin
Va, et perds tout ce que tu as, c'est cela qui est le tout.
Djalâl-Un-Dîn Rûmî
jeudi 20 novembre 2014
dimanche 16 novembre 2014
Ce qui ne saurait être une fin
Kérala, backwaters, photo fabian da costa
On peut quitter l'Inde et s'y trouver encore, revenir chez-soi heureux de revoir sa famille, ses amis, soulagé de ne plus devoir se laver les dents à l'eau minérale, de ne plus craindre les moustiques, la nourriture trop épicée, ravi de pouvoir à nouveau se jeter sur la salade, les crudités, les fruits, parfois plus redoutables qu'une douanière à l'aéroport de Delhi.
On peut aimer son pays, sa ville, son village, être d'ici et pas d'ailleurs et quand même...quand même savoir que là-bas sont restés, oubliés comme une écharpe sur un banc, des petits morceaux de son âme, des petits bouts de son coeur. Pour ma part, j'en ai oublié beaucoup, un peu partout.
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J'en ai tant oublié que je ne me souviens plus vraiment ni des lieux ni des dates : je les retrouverai quand je repartirai. Mais je sais qu'en attendant il faut vivre ici avec le coeur et l'âme aussi ouverts que là-bas, garder vivantes la joie, la tendresse, la flamme qui nous semblait brûler de sa propre énergie et qu'il faut maintenant continuer d'alimenter. Quel beau travail en perspective !
Qu'ils soient remerciés, tous ceux qui ont croisé notre route, qui nous ont donné leur visage, leur sourire, ceux qui nous ont bénis, qui ont partagé généreusement leur vie, leur savoir avec nous.
Qu'elles soient remerciées, les vaches que l'Inde vénèrent tant, elles qui m'ont guérie de la peur panique que m'inspiraient leurs congénères, chez-moi, avec leurs grands yeux si doux, ourlés de noir, leurs colliers de perles et leur insistance à fourrer leurs mufles dans les sacs pour voir s'il n'y a vraiment rien à manger.
Qu'ils soient remerciés les moustiques harceleurs, les rendez-vous aléatoires, les départs reportés, les arrivées retardées, car ils nous ont appris la patience.
Que soit aussi remerciée Bharat-Mata, Mother India, aussi douce, ardente, parfumée que puisse être une mère et, en même temps, si terriblement exigeante envers ses enfants, ne leur épargnant ni peine ni chagrin jusqu'au bout du chemin.
Que soient remerciés les sages de tous les temps, qui ont sur cette terre reçu et redonné les clés d'une éternelle et universelle sagesse.
De l'irréel, mène-moi au réel,
De l'obscurité, mène-moi à la lumière,
De la mort, mène-moi à l'immortalité.
Brihadâranyaka Upanishad
" Vers l'Autre Rive " Un voyage au coeur de la spiritualité en Inde. Anne et Fabian da Costa. Editions Dervy
mercredi 12 novembre 2014
Le Gange sacré
le Gange à Bénarès - photo fabian da costa
le Gange tombe du ciel sur la tête de Shiva,
de la tête de Shiva sur l'Himalaya,
de l'Himalaya dans la vaste plaine,
de la vaste plaine dans la mer plus vaste.
Ainsi, le Gange, de chute en chute, tombe dans l'immensité.
Bhartrihari, " La Centurie du renoncement " Paris, Ed. de la Différence.
C'est ainsi que la ville la plus sacrée de l'Inde choisit Shiva comme maître et gourou suprême, celui qui crée, qui maintient et détruit le monde dans une incessante danse cosmique.
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Les centaines de pèlerins qui pénètrent chaque jour dans l'eau sainte viennent eux aussi " méditer dans le lotus du coeur ", en invoquant Shiva. Ils se plongent trois fois dans le Gange en récitant les mantras appropriés, hommes, femmes parfois craintives accrochées au bras de leur époux, petits enfants effrayés que leur mère rassure.
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Un pèlerinage à Bénarès équivaut à faire tous les pèlerinages, et, irrésistiblement, les foules de croyants ou de touristes se retrouvent toujours au bord du fleuve, sur les ghats.
Toute la vie est là au bord du Gange, et tout ici paraît sacré. La puissance numineuse qui s'élève depuis le fleuve changeant au fil des heures, gris d'argent au matin et or rouge au coucher du soleil, les trompes, les clochettes, les mantras qui résonnent depuis les ghats jusqu'au pied de la ville, le bruissement de cette foule incessante confirment dans l'âme de chacun qu'il est en lui-même l'atman, la présence absolue de l'absolu.
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Sans doute Bénarès donne-t-elle à chacun ce qu'il veut recevoir. On peut y passer deux jours, cela suffit pour voir le ghat principal et celui des crémations, assister à l'arati du soir, acheter des soieries, lancer des cacahuètes aux singes du temple de Durga et repartir en s'étant bien gardé des microbes et de la pollution. J'ai le souvenir d'un groupe de touristes nippons, le visage et les pieds protégés par des masques et des chaussons d'un bleu délicieux, tout droit sortis d'une salle d'opération, courant sur les ghats derrière leur guide.
On peut choisir d'y vivre et, bien entendu , d'y mourir. On peut également y arriver avec une certaine frayeur et quitter la ville avec cette mélancolie, cette douce tristesse, ce regret de ne plus voir le Gange s'éveiller au soleil du matin, les barques glisser sur les eaux, et sur les berges, couler cet autre flot, celui des humains qui viennent ici comme leurs ancêtres et comme le feront leurs descendants, rendre hommage à Mère Ganga et au maître de l'univers, le grand passeur des âmes, Shiva.
" Vers l'Autre Rive " Un voyage au coeur de la spiritualité en Inde. Anne et Fabian da Costa.
Ed. Dervy
vendredi 7 novembre 2014
" Welcome in India, God bless you "
photo fabian da costa
" Sept heures du matin, aéroport de Delhi. Mal réveillés après dix heures de vol, nous suivons le chauffeur venu nous chercher à l'arrivée. Il marche à toute vitesse en poussant nos bagages devant lui et nous courons presque pour ne pas le perdre dans la foule. Six heures de voiture nous attendent maintenant pour notre prochaine étape, et le trot nous paraît trop vif pour nos jambes engourdies.
Nous partageons l'ascenseur qui mène au parking avec un Sikh très distingué, majestueux turban et barbe blanche. Avant de sortir , il se tourne vers nous, " Welcome in India, God bless you. "
Voilà, nous sommes à nouveau en Inde, God bless us.
Je me souviens de ma première arrivée en Inde au Kérala, de la chaleur moite sous un ciel gris, des buffles près du tarmac, de la peur de mourir tout de suite dans le taxi que le chauffeur conduisait comme un fou, de la procession de yogis qui dansaient frénétiquement au milieu de la route, les joues traversées par de longues tiges de fer, des tambours hallucinatoires qui les accompagnaient.
Je me souviens de ces premières heures où j'ai vu dans la nuit si vite tombée, un éléphant chamarré comme un prince, bénir une maison et ses habitants, où j'ai compris que traverser une rue au milieu de la circulation, pouvait être un exploit aussi dangereux que de marcher sur un fil au-dessus des chutes du Niagara.
Cette même nuit, j'ai appris sous la haute vigilance d'amis indiens, à manger du poisson, du riz et des chapatis, uniquement de la main droite, la gauche étant réservée à des usages intimes plus triviaux. Je me suis endormie comme une pierre aurait coulé au fond d'un puits, non s'en m'être demandé comment j'allais pouvoir rester une journée de plus dans ce pays.
Le lendemain matin, j'ai découvert depuis le balcon de ma chambre, un soleil voilé posé sur le bras de la rivière, la ville au loin encore sous la brume, le balancement des manguiers et des cocotiers sous mes pieds, et sur la gauche une fontaine et des femmes réunies autour de leurs cruches et de leurs jarres.
Je les ai vu rire, soulever leurs pots et les poser sur leurs têtes, j'ai entendu le tintement de leurs bracelets. Il y avait des jeunes filles avec des fleurs de jasmin dans les cheveux, des vieilles femmes qui ne laissaient à personne le soin de porter leur charge. Les enfants en uniformes partaient pour l'école, le cartable dans le dos, un chien jaune disputait un sac poubelle à un énorme corbeau.
Il était six heures du matin, les cloches du temple de Shiva répondaient au muezzin, relayé par les chants de l'église catholique qui faisait autant de bruit que les deux autres réunis. Une nouvelle journée s'ouvrait, et j'ai su sans discussion possible, que j'étais arrivée chez-moi."
" Vers l'Autre Rive "
un voyage au coeur de la spiritualité en Inde.
Anne et Fabian da Costa
Ed. Dervy
jeudi 6 novembre 2014
Une naissance...
Nous l'avons porté, préparé, conçu, avec beaucoup d'amour et de bonheur. Notre éditeur en a fait un bel objet de partage et de découverte de ce pays que nous aimons tant.
Nous proposons un voyage où il s'agit à la fois de cheminer sur les routes de l'Inde, et dans ce lieu du coeur le plus intime à chacun.
Nous n'y serons pas seuls, car un milliard deux cents millions d'êtres humain, 330 millions de divinités qui ne sont que les multiples facettes d'un seul Dieu, origine de toutes choses, nous accompagnent.
Ce chemin de découverte
passe aussi près des grands textes sacrés qui nourrissent l'âme indienne depuis
des millénaires, il conduit à travers une nature où presque chaque arbre,
plante, fleur, est investi par les énergies divines, où l'eau s'offre et se
donne comme une bénédiction des dieux.
La route s'est faite à la
rencontre des grands sages d'hier et d'aujourd'hui, des maîtres d'une sagesse
millénaire mais toujours actuelle. Des plus humbles ashrams aux lieux saints
les plus vénérés, des grandes fêtes religieuses aux simples rencontres de la
vie quotidienne, il s'agit toujours d'un itinéraire spirituel, tracé par
l'image et l'écriture, dans l'émotion d'un vécu intérieur.
Sur cette terre parcourue
depuis des milliers d'années par les milliards de pieds de milliards de pèlerins,
nous avons cheminé avec amour. Remercier l'Inde de ce qu'elle nous a donné,
partager ce que nous y avons reçu, tel est le propos de ce livre. Non pas d'être un
catalogue exhaustif de tout ce qu'on peut voir, savoir, connaître de ce pays –
une vie serait-elle suffisante ? Non plus qu'un traité de théologie, de savants
ouvrages existent dans ce domaine.
Ici, il est question de rencontres, d'émotions, de découvrir à quel point toute la vie là-bas, jusque dans ces aspects les plus simples, est imprégnée, inondée de spiritualité. De dire combien sur cette terre on peut se sentir à la fois si vivant et si proche d'une mort qui n'est autre que le passage vers un ailleurs qu'il revient à chacun de nommer.
Ici, il est question de rencontres, d'émotions, de découvrir à quel point toute la vie là-bas, jusque dans ces aspects les plus simples, est imprégnée, inondée de spiritualité. De dire combien sur cette terre on peut se sentir à la fois si vivant et si proche d'une mort qui n'est autre que le passage vers un ailleurs qu'il revient à chacun de nommer.
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