Grèce photo fabian da costa
Vois-tu ma très chère, ce matin comme tous
les autres matins, j’ai pris mon café
en écoutant la radio, j’ai dit bonjour au
chat qui rentrait de sa maraude de la nuit, j’ai regardé la météo du jour pour
savoir comment m’habiller dans cette étrange saison de trop chaud ou trop
froid. Bref un matin comme tous les autres.
Comme les autres ? Pas vraiment,
puisque soudainement, entre deux bruits du monde, entre deux pensées sans importance,
s’est glissé un silence très doux. Je me suis posée dans ce précieux silence, je
l’ai écouté, goûté, savouré…et puis là est venue la conscience d’un vide, d’une
absence, d’un blanc de neige où les pas de l’aimée ne se poseraient plus. J’ai
regardé mes livres qui du sol au plafond tapissent mon refuge, mon île – ils
étaient tous muets et endormis. Tout dormait d’ailleurs autour de moi, et en
moi aussi, comme dans ces contes où un affreux sortilège plonge les gens et les
bêtes dans un profond sommeil.
Il n’y a pas eu chez-moi de méchante
sorcière, aucun filtre magique, aucune malédiction, juste que tu n’étais plus
là et depuis si longtemps. Je suis la seule responsable, je le sais, tu as
patienté longuement près de moi, attendant qu’à nouveau je te regarde. Je
disais que j’allais revenir, que j’avais tant d’autres choses plus importantes
dans ma vie que toi, mais que bientôt un jour, nous nous retrouverions. Tu as
fait semblant de me croire, et moi j’ai fait semblant de croire ce que je te
disais. Mais l’amour est ainsi qu’à se voir négligé, il finit par se retirer
sur la pointe des pieds, sans bruit. Et ainsi as-tu fait, et c’était bien fait.
Bien fait pour moi et pour mes bonnes et mauvaises excuses, bien fait pour
toutes ses heures gâchées, à rien et à n’importe quoi, plutôt qu’à essayer de
te rechercher.
Mais rien n’est perdu tant que je ne t’ai
pas perdue toi, à tout jamais. Reviens, je suis prête à t’accueillir - je fais
de la place dans ma vie, dans mon cœur, dans mes pensées. Reviens, chère
écriture. je t’aime.