samedi 27 octobre 2012

Blues


    Un blues de gris et de pluie, un blues de froid et de neige annoncée, de changement d'heure qui va encore avancer la nuit qui se presse aux vitres de la maison. Bref le blues d'une qui n'aime ni le froid, ni la pluie, ni la neige, ni le noir trop tôt venu, et certainement pas l'hiver pour tout résumer en un mot.

    Une envie de chaleur, de doré, d'orangé, de rouge, de radiantes vibrations. Alors une image s'est imposée...celle-là.


    Bodgaya, le lieu sacré du bouddhisme, ici Siddharta trouva l'illumination sous l'arbre de la Bodhi. Un immense Ficus religiosa, frère du premier, abrite des centaines d'ex-votos comme ceux-ci.


    Et le souvenir encore, de ces deux moines profondément immergés dans leur marche méditative, rayonnant  d'une lumière intérieure que rien ne peut sembler obscurcir.



         Ici, c'est toujours le brouillard et la pluie, et le froid. Mais je viens d'allumer le poêle et la cheminée, de voir mon chat roulé en boule, le nez dans sa queue, dormir bien au chaud comme un bienheureux. C'est l'époque des soupes du soir, des potirons et des châtaignes, de quoi attendre le printemps sans trop de blues finalement.


jeudi 25 octobre 2012

Effacement

 


au pied du Vercors - photo fabian da costa



" Fondre comme la neige et se laver de soi."
Rumi



mercredi 17 octobre 2012

ce matin...

Vercors - photo fabian da costa



     Le ciel était de marbre gris et rose, avec à l'horizon une large bande de bleu, espoir de beau temps.  Ce matin, je me suis reprise à trois fois pour allumer mon poêle avec du bois trop gros, et je n'ai pas encore vu mon chat qui passe ses nuits à la belle étoile et me dépose devant la porte des souris en pièces détachées.

    Ce matin, je ne sais pas encore ce que je vais faire à déjeuner, ni si je vais trouver un peu d'inspiration pour écrire le livre sur lequel je travaille. 

    Ce matin, le poêle vient enfin de démarrer, le chat de rentrer, le ciel est de plus en plus rose et un vent fou secoue les feuilles du figuier.

    Ce matin, je vous souhaite un bon matin, et une bonne journée.

lundi 15 octobre 2012

Shakti



Bénarès - photo fabian da costa



 Cette puissance féminine créatrice de tout ce qui existe dans l'univers, cette force divine qui s'unit au masculin pour donner la vie, ainsi que le décrit un ancien texte du Cashmire :

" Chaque fois que Shiva et Shakti resserrent leur étreinte
 d'un espace égal à l'épaisseur d'un cheveu,
quelque part dans l'univers une galaxie disparaît.
Chaque fois qu'ils desserrent leur étreinte d'un cheveu,
Une nouvelle galaxie est née. "

            Malgré tout ce que nous pouvons savoir de la condition de la femme en Inde, et après tout sommes-nous bien certain d'être chez-nous des modèles en la matière, je persiste à croire et à voir, que la femme indienne possède cette shakti, tout autant que je trouve qu'elle fait cruellement défaut aux femmes occidentales. Cela bien entendu n'engage que moi, et je reconnais volontiers que je ne parle ici que de généralités.

            Sans doute est-ce grâce à cette force que les femmes indiennes ont résisté à tant de mauvais traitement dans les pires des cas, ou simplement aux coutumes contraignantes de la vie courante. L'Inde est quand même le pays qui s'est donné une femme premier ministre, où elles sont majoritairement à la tête des conseils municipaux, où les femmes médecins, avocates, chefs d'entreprises, ne se comptent pas.

            Mais ce qui me touche le plus, c'est la shakti ordinaire si j'ose dire, la flamme qui brûle discrète mais bien présente, dans ces femmes de tous les jours. Celle qui leur donne la fierté, la générosité, la noblesse qui transparaît dans les plus humbles paysannes. La shakti qui m'a fait je l'avoue rire de plaisir, je l'ai vu à l'œuvre à Madurai, dans l'immense temple de Meenakshi.

            Meenakshi est l'épouse de Shiva, sous l'un de ses nombreux noms. Son indispensable parèdre. Tous les soirs, en grand cortège et grande pompe, Shiva est conduit en palanquin rejoindre Meenakshi dans l'autel qui lui est consacré. Les rideaux sont tirés et les prêtres laissent pour la nuit, les divins époux s'aimer. Le lendemain matin, Shiva est reconduit dans sa demeure, et ainsi tous les jours.

Mais une fois par semaine, la déesse est déposée sur un char, uniquement tiré par les femmes. Meenakshi disparaît sous des dizaines de saris précieux et quantité de guirlandes de fleurs. Un taureau blanc et la fanfare du temple précèdent la procession qui fait le tour de l'enceinte du temple. Le char est très lourd et les femmes nombreuses à le faire rouler lentement dans la nuit. Les femmes, mais pas les hommes – sauf un malheureux inconscient, qui voulut s'immiscer dans la cohorte féminine accrochée aux montants du char. 

Grave erreur, car j'ai vu la Shakti courroucée lui en faire payer le prix. Une dame, ni très jeune, ni très grande, se tourna vers l'intrus et d'une main, car de l'autre elle s'agrippait à sa place, elle frappa violemment le pauvre homme avec son joli sac à main. Sous les coups redoublés, il dut se retirer piteusement et j'ai senti courir sous les saris, des ondes de profonde satisfaction.

           

vendredi 12 octobre 2012

Lumière pour un temps de Ténèbres





Temple de Meenakhsi à Madurai - photo fabian da costa



A jamais le monde qui est mien scintillera de 
cent lampes
Allumées à ta flamme
Déposées sur l'autel de Ton temple
Ici-bas.

Rabindrah Tagore - " de l'aube au crépuscule ".

mardi 9 octobre 2012

Sur les rives de la Narmada


 Gujarat- Inde - photo fabian da costa


    Le même fleuve de vie qui court à travers mes veines nuit et jour court à travers le monde et danse en pulsations rhytmées.
    C'est cette même vie qui pousse à travers la poudre de la terre sa joie en innombrables brins d'herbe, et éclate en fougueuses vagues de feuilles et de fleurs.
    C'est cette même vie que balancent flux et reflux dans l'océan-berceau de la naissance et de la mort.
    Je sens mes membres glorifiés au toucher de cette vie universelle. Et je m'enorgueillis, car le grand battement de la vie des âges, c'est dans mon sang qu'il danse en ce moment.

Rabindrath Tagore, l'Offrande Lyrique


dimanche 7 octobre 2012

Histoire de loirs...suite et fin...peut-être...




     Ne jamais se réjouir d'une apparente victoire sur la nature et sur les bêtes sauvages qui l'habitent. 

    Le cellier propre comme un sou neuf, trié, rangé du sol au plafond, un vrai bonheur. Sauf que quelques jours plus tard, ouvrant brusquement la porte, je vois une queue touffue dépasser d'une étagère, son propriétaire certainement persuadé de son invisibilité.
    Je tairai pudiquement les injures et malédictions proférées sur les loirs présents et à venir, avant la remise en place du piège qui avait si bien fonctionné. 
    Il faudra plusieurs jours avant que le coupable se fasse prendre, plusieurs jours durant lesquels le cellier fut à nouveau déshonoré. Mais enfin...

et de deux.

    Celui-ci est bien plus gros que le premier, ce qui nous fait penser qu'il s'agit peut-être là d'Oscar. Nous lui avons donc fait prendre le même chemin que sa "conjointe", afin de ne pas briser une belle histoire d'amour.

Dans le même bois.


Cherche-t-il déjà Oscarine ?


    Fin...enfin...nous l'espérons.


samedi 6 octobre 2012

Histoires de loirs...suite



    La négociation fut longue et infructueuse. Le locataire obstiné refusant de nous donner son congé il fallut passer à la ruse. Tout ce qui pouvait lui plaire fut enlevé, les pâtes, farines et autres denrées diverses et tentantes évacuées, une nasse garnie de fruits et de fromage posée sur l'étagère.

    Il dédaigna l'offrande et se mit à aimer ce que j'avais laissé, à savoir de la noix de coco rapée et des algues séchées ( si, si, il aime aussi. )

    Les grandes manoeuvres furent lancées. Dégagement de tout le cellier et découverte horrifiée des dégâts et saletés produits par un si petit corps - la nasse vidée, une jolie pomme posée en évidence juste devant la trappe. Le lendemain, la pomme  à moitié rongée était remise dans la nasse. Et là, le triomphe de la justice et du droit.


 
Et voilà le travail.


    Restait à évacuer doucement mais fermement celui que nous appellions familièrement Oscar, mais qui pourrait bien être une Oscarine...
    La nasse dans le coffre de la voiture et lâcher, 10 kilomètres plus loin, au milieu d'un bois, vers une bâtisse désaffectée mais susceptible d'offrir un abri pour l'hiver, de la bestiole.


Et avec des provisions en plus.

    
    A suivre...



    

Histoires de loirs



    Comme c'est charmant au mois de juillet, un petit loir venu goûter les figues encore vertes...






    Comme c'est mignon à l'entrée de l'automne, un petit loir qui cherche un nid dans les pierres de notre mur.






    Comme c'est castatrophiquement adorable, un petit loir qui a trouvé le chemin du cellier et qui pense s'y installer pour l'hiver.


    A suivre...

lundi 1 octobre 2012

Une idée...Le film




Et voilà l'enfant, un temps de gestation plus long que pour un éléphant, et un si petit poids. Juste le poids des éclats de vie qui y sont enchâssés.*






Il arrive ainsi que notre vie passe devant nous, souriante, affairée sur la terre bienheureuse. Elle passe, elle nous ignore. Son pas est léger comme la neige. Son visage est fin comme du ciel. Nous la contemplons en retenons notre souffle.
 Christian Bobin - " Souveraineté du vide "



* DVD en vente au prix de 20 euros port compris, chez 


26190 Rochechinard
contact : fabian.da.costa@wanadoo.fr 


du même auteur d'autres films 






















Eurydice...

                                   photo fabian da costa   Eurydice, Eurydice, je pense à toi ce soir. Il fait froid, il fait noir, et je t’...