lundi 23 octobre 2017
Voici bien longtemps que je n'avais pas acheté un livre de poésie. Trop longtemps. Celui-ci me sauta aux yeux et au coeur. Il ne parlait que de la mer, toujours et encore - présente, en allée.
" Nous nous sommes éloignés et lointaine est devenue la mer. elle a descendu nos marches de pierre et nos balustrades : l'eau s'est retirée en sa demeure, sous l'encolure de sa sombre vague. Lentement elle aspirait la surface de la terre et l'asséchait. Alors surgit la terre ferme avec ses stèles de pierre et ses prairies sculptées, des cheminées et des pierres verdies apparaissant peu à peu, et la mer restant à l'arrière, vaste murmure des forêts saccagées."
Je me suis éloigné de la mer...et ne m'en suis jamais consolée.
dimanche 22 octobre 2017
du non agir des citrouilles
photo fabian da costa
Un potager ça se mérite, ça s'enrichit, se sème, se plante, se désherbe, s'arrose...Un compost ça se débrouille tout seul ou presque, à digérer, transformer, usiner, ce qu'on lui jette un peu pèle-mêle au long des jours.
Et voilà le résultat - deux plants de courges ont décidé de pousser là, et nous n'y sommes pour rien. Elles sont dodues, ventrues, superbes. Il a fallut courir rattraper l'une d'entre elles qui prenait le chemin de la liberté et du ravin. Même le concombre est venu de je ne sais où, s'installer - peut-être juste pour la photo.
Moralité de l'histoire, ne rien faire et laisser faire...c'est bien aussi et moins fatiguant !
vendredi 20 octobre 2017
Athos, la Montagne Sacrée
Contemplation du Mont Athos depuis les balcons du monastère de Simonos Petra
Comment parler du Mont Athos, surtout si l'on est une femme, sans entendre l'éternelle revendication féminine :
" Et pourquoi les femmes n'ont-elles pas le droit d'y aller ? " Dieu sait, et c'est bien le lieu pour le dire, que je suis féministe - et pourtant, pourtant...
Aux portes du jardin de la Mère de Dieu
Ouranopolis, trois rues parallèles : L’une
au milieu du village, l’autre en bord de mer, la troisième un peu à l’écart. La
première, bordée de magasins d’icônes et d’objets religieux, de bijouterie, de
souvenirs…la deuxième, celle des restaurants - la troisième, la plus
tranquille, abrite une boulangerie, une épicerie, quelques vraies maisons,
j’entends par là des lieux où habitent de vrais gens.
La plage appartient aux chats, à leurs
amours et à leurs bagarres, quand ils ne sont pas aux aguets sous les tables
des convives.
Et malgré tout, en dessous ou en dessus
des oripaux des commerces, des restaurants, des vagues de touristes sortant des
cars pour y revenir une heure après, Ouranopolis “ la cité du ciel “, demeure
toujours la dernière terre habitée avant ce territoire invisible et pourtant si
présent, la Sainte Montagne. Le vrai charisme du village vient de cet ailleurs,
de ce lointain qu’on ne peut voir, de cette montagne, pôle invisible qui
aimante les pensées, les énergies.
Et puis la jetée, embarcadère des départs
vers l’Athos et des quelques bateaux qui vont jusqu’aux îles alentour. La jetée comme une passerelle
sur laquelle vont et viennent les pèlerins, au milieu des voitures, des
camions, des chargements de bois, de ciment, de vivres.
Des hommes, toujours et seulement. Des
moines, beaucoup de moines, quelques anciens accompagnés d’un jeune novice qui
porte leurs bagages, les pèlerins qui reviennent et ceux qui embarquent. Et
parfois, deux ou trois femmes, les yeux fixés sur le bateau qui tire droit vers
le large, puisque depuis des siècles aucune d’entre elles n’a posé le pied sur
la terre athonite.
Il serait dommage de se lever “ vent
debout “ contre cet “ Interdit “. Il serait navrant que les femmes, ne se
souviennent pas de leur dignité. Il serait désolant qu’elles oublient, que si
certains cultivent à leurs égards des pensées humiliantes, elles peuvent les
leur abandonner, car seule la pensée des femmes sur elles-mêmes, compte.
“ l’Athos ne dit pas non aux femmes , il
dit oui à l’inviolable. “ [1]
Il dit oui à l’accueil d’un mystère que l’on peut refuser, mais qui a beaucoup
à dire si on veut bien l’écouter. Il apprend qu’il est possible de contempler
une fleur et de ne pas la cueillir, que certains territoires peuvent se
connaître justement, par l’absence et le silence.
Ne plus se croire le droit de tout voir,
de tout savoir, parce que cela existe, et bien davantage encore, parce que c’est
impossible - plus profondément aussi, respecter la virginité en l’autre et en
soi, pour que vienne au monde le Tout Autre, tellement plus important.
Oui, ne pas entrer, mais contempler une
toute jeune fille qui se promène dans ce jardin. Elle est celle que Dieu a
choisi - une vierge innocente - ce qu’il y avait de plus fragile, de plus fort,
de plus précieux en Israël, pour mettre
au monde son Fils, le Fils de l’Homme.
Et voici qu’elle est Reine en ce Jardin.
Elle l’a - dit la tradition - demandé comme un cadeau à son fils, et un fils,
surtout là-bas, ne refuse rien à sa mère.
Être assise aux portes du Jardin de la
Mère de Dieu n’est pas une humiliation, une frustration. C’est la grâce
particulière de découvrir en son propre coeur les chemins qui conduisent vers le Grand Mystère, et ils
ne sont pas si différents de ceux que foulent les pieds des pèlerins, sur la
Sainte Montagne.
Anne da Costa
" Le mont Athos, une expérience spirituelle " Ed. Dervy
" Le mont Athos, une expérience spirituelle " Ed. Dervy
jeudi 19 octobre 2017
Une montagne sacrée
Un certain nombre de livres ont déjà été publiés sur la sainte Montagne du mont Athos ; beaucoup sont des récits de voyages, des reportages ou des livres de photographies sur l'architecture des monastères. Mais jusqu'à présent, il existe très peu de documents concernant la vie quotidienne et spirituelle des moines orthodoxes qui peuplent les 20 monastères et les ermitages du mont Athos situé au coeur de la Grèce, endroit fascinant et secret. L'auteur lui-même devenu orthodoxe dans une dépendance du mont Athos, a pu recueillir au cours de ses séjours sur la Sainte Montagne, les témoignages de ses amis moines qui lui ont raconté les parcours des moines et des ermites qui ont qui ont habité et habitent encore sur ces saints lieux, ce qui donne à ces récits une fraîcheur de témoignages collectés de première main.
Fabian da Costa, titulaire d'un DEA d'art byzantin, photographe professionnel, membre de l'agence Gamma Rapho, a été secondé pour l'écriture de ce livre par sa femme, Anne da Costa, écrivain.
( 4ème de couverture)
Voix de femmes
Jardin zen d'Erik Borja
Pour entrer joyeusement, fortement, dans l'intériorité de l'hiver. Pour prendre des forces de lumière et d'espérance, venez, si vous le pouvez, nous retrouver là-bas.
Voix de Femmes
Forum les 11, 12 et 13 novembre 2017
au Centre des Congrès d'Aix-les-Bains
(Savoie)
Grande joie
de participer à nouveau très bientôt au forum A Ciel Ouvert. Chaque année, depuis 33 forums le même
enthousiasme, la même nourriture, fondés sur l'Etre y sont partagés. C'est si
rare et si précieux ! Toute l'atmosphère créée est un bain régénérateur
très salutaire qui fortifie ; c'est bon de voir chacun s'exprimer à sa
façon, avec simplicité et sincérité. C'est donc un appel irrésistible et
renouvelé à joindre ma voix à ce partage qui nous soutient tous sur notre
chemin, et nous encourage à donner le meilleur de nous-mêmes dans tous les
domaines de notre vie.
Marie-Agnès
Bergeon - animera au Forum une conférence-échanges
sur le thème :
« Rôles de
femmes et déesses dans le cheminement spirituel »
Voix de
femmes en harmoniques pour la plus belle des musiques. Celle qui vient de l’âme et qui emplit,
remplit, vivifie.
Au plus
intime de nos coeurs, nous savons tous que lorsque le féminin guérit, le monde
guérit.
Toute femme
qui soigne, chante, peint, écrit, toute femme qui crée de la vie est une déesse
et fait venir ici, la divine présence féminine de Dieu. Voix de femmes
bien sûr, et voix d’hommes également, pour oeuvrer dans cet âge de fer et de
ténèbres à la restauration de la beauté, de la paix, de l’amour tout
simplement.
Anne da Costa - écrivaine, anime des stages d’écriture.
Le forum est
une rencontre d'âmes en chemin, curieuses du mystère de la Vie.
Avec joie et
enthousiasme, elles célèbrent l'écoute, le silence, la beauté, l'échange,
l'inspiration.
Et l'amour
nous invite à sa table.
Voix de
femmes : voie du
féminin. voie du lien, intime, silencieux, festif et créatif avec l'amour au
plus profond de notre terre sacrée.
Se crée
alors, un nid de paix, de joie et d'abondance qui s'épanouit.
Quel plaisir
alors de chanter l'Oeuvre à deux voix : voix de femmes et voix des hommes.
Edith Martens
animera au
Forum un atelier de chant « Au cœur du chant de l'être »
vendredi 13 octobre 2017
Ecrire
forêt du Vercors - photo personnelle
‘’Je t’écris du temps d’avant les âges’’
Avant la lettre il y eut
le signe, avant le signe il y eut l’arbre dressé et la branche tombée, l’herbe
couchée, échevelée, tordue.
Il y eut la griffure des pattes d’oiseaux dans la neige
fraîche et l’empreinte du renard dans les sous-bois humides.
Il y eut le nuage
étiré, roulé, déchiqueté sur le ciel, la pierre éclatée par le gel de la nuit.
Il y eut des siècles
comme des jours et des jours sans limite aucune.
Il y eut du feu,
rouge comme ton sang, de l’eau pour
effacer le feu, et toi pour que je te connaisse.
Voilà pourquoi je t’écris de ce temps d’avant les âges, de
ce temps où nous devions nous retrouver,
pour que de ma main qui trace ces signes, à tes yeux qui les lisent, le chemin
se fasse, unique.
‘’Il
était une fois et une fois il n’était pas… ‘’
C’est ainsi que tous les conteurs des vieux mondes
commencent leurs histoires.
Donc, il était une fois et une fois il n’était pas, un
empereur qui régnait trois mille ans avant notre ère sur la terre de Chine.
Huangdi, dans le bleu nocturne, regardait ciel après ciel,
les astres et les planètes. Il les voyait dans la nuit, signes jetés par les
dieux à la face des hommes. Quand le jour se levait sur les plaines, les
montagnes et les mers de son royaume, il quittait son trône de jade et marchait
à pas lents. Il marchait seul, loin de ses ministres, loin de ses courtisans,
de ses généraux, de ses gardes, et personne n’aurait osé rompre sa solitude. En
ce temps là, dans ce pays là, un Empereur n’est pas comme un dieu, il est un
dieu.
Wu Weige, le poète, nous dit que Huangdi, trouva dans la
course des étoiles, dans les tendres et légères traces des oiseaux sur la
neige, la révélation de l’écriture. Pour lui, les arbres et les pierres, les
longues herbes sous le vent, se firent signes et caractères. Pour lui, la
nature et le cosmos offrirent les pleins et les déliés, les points et les
traits, et toute chose parla de sa propre parole. Ce fut comme un éclair, et
Huangdi sut ce que les hommes allaient mettre des siècles à apprendre. Mais ce
n’est tout encore : Wu Weige ajoute, comme en passant, ‘’Après cela,
l’empereur pleurait beaucoup dans la nuit, et il y avait de quoi.’’
Il faut toujours croire les poètes. Il faut les croire
plus que les savants, plus que les professeurs, plus, surtout bien plus que les
hommes qui nous gouvernent. Car eux seuls disent toujours et forcément la
vérité. Si un savant, un professeur, un homme politique se trompent, ils se
trompent, tout simplement. Mais si un poète à l’air de s’égarer, voire de
mentir, il a quand même raison puisque
jamais il ne parle de la surface du monde. Il ne parle pas des choses d’ici,
variables et trompeuses, car elles ne sont qu’une peau qui se ride et se fane.
Il parle des choses vraies : celles d’en dessus et celles d’en dessous.
Il est donc certainement bien vrai, que Huangdi, l’Empereur
des quatre mers, pareil au soleil, précieux et pur comme le jade de son trône,
comme les colonnes de jade sculpté qui soutenait le ciel de jade de son trône,
Huangdi dans sa longue robe jaune pleurait toutes les nuits. Il pleurait et je
vois les larmes couler de ses yeux jusque sur ses mains. Il pleurait et moi qui
ne sais pas la raison de ses larmes je voudrais pouvoir pleurer aussi.
Anne da Costa
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