photo fabian da costa
Dire la tendresse, sans
mot, sans geste - dans le silence d'un soir semblable à tous les soirs. Pas
même la glorieuse fin d'une journée d'été - non - un soir gris souris, où le
brouillard laiteux laisse tomber une pluie invisible, mais qui mouille jusqu'à
la moëlle, et les choses et les gens.
L'enfant lit sur le canapé, et le chien ventre en
l'air au fond du meilleur fauteuil, rêve, en agitant faiblement les pattes. La
radio laisse couler des blues rapeux.
C'est là que le coeur s'élargit pour les enserrer
tous: l'enfant et le chien, et la nuit légère qui vient sur ses jambes de soie. Le dernier rire du
geai avant le prochain matin, sonne dans le vallon. On attend celui qui rentre,
et plus la nuit s'étend, et plus l'attente est longue.
La tendresse comme un sommeil léger, où l'on dort à
deux, sans se toucher. La tendresse, comme les paupières closes de l'enfant qui
protège encore sa nuit du matin.
Elle vient là où on ne l'attend pas. Elle marche
simplement ; elle ressemble à tout le monde et à n'importe qui. Elle était dans
cet énorme supermarché, la veille des vacances, au milieu des chariots, de la
bousculade.Elle était dans cet enfant, déjà grand, qui galopait à côté de sa
mère, entre les maillots de bain et les glacières. Elle lui est venu dans le
coeur, comme une belle vague déferlante, comme une fleur brusquement éclose ;
il a pris la main de cette mère qui filait hagarde, comme chaque fois qu'elle
fait ses courses dans les petits enfers des grands magasins, et il l'a
passionnément embrassée. Petite folie d'amour, de quoi être heureux, longtemps.
Ton texte m'a émue.
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