photo fabian da costa
Parce qu'on y remue les
casseroles, que là s'effectuent les tâches humbles et répétitives, c'est
sûrement la pièce la moins honorée de la maison. Et pourtant voici le lieu où
se rassemblent comme par magie, l'homme, le chien, les enfants qui rodent
autour du four. Le premier lieu où ils déboulent au retour de l'école, pour
poser toujours la même question -"Qu'est-ce-qu'on mange à midi ? en
soulevant les couvercles pour en jauger le contenu d'un oeil soupçonneux.
Sans doute est-ce-là que naissent les premiers
souvenirs parfumés. Les années qui passent ensuite, vague après vague,
n'effacent rien. J'ai toujours aussi présente dans la mémoire, pour ne pas dire
dans la bouche, l'odeur de la tartine rôtie au feu, frottée d'ail et recouverte
de graisse d'oie - le poulet jaune comme du beurre, roulé dans le thym - les
fines saucisses à la poële, qui vont si bien avec les huître claires - la côte
de boeuf grillée sur les braises de sarments de vigne, que l'on mangeait
brûlante et crue à la fois, assaisonnée de sel et d'échalotes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire