photo fabian da costa
Je suis poète, je suis
arbre, un vivant
parmi les vivants, un poète
arbre né au
hasard des semences
charriées par le vent.
J'ai respiré l'odeur de
terre – l'ai trouvée
douce – douce.
J'ai goûté à la terre et
j'ai aimé son goût
amer, son goût d'humus et
d'océan.
j'ai hasardé mes racines dans le noir de
j'ai hasardé mes racines dans le noir de
la terre, dans le chaud
maternel, incomparablement,
dans son mystère de mort et
de résurrection.
Au fil du temps perdu et
des mortes saisons,
des orages du cœur et des
lentes colères,
je suis devenu arbrisseau,
témoin fragile
des pluies d'octobre, de la
désespérance,
du silence des neiges – des
brasiers de midi.
Je suis devenu arbre, arbre
vivant,
arbre-poète,
qui tend ses bras aux
nuageries,
au ciel bas, au ciel gris,
parfois si haut, si violent
ce ciel de mes labeurs et
de mes joies secrètes.
Je suis arbre-poète qui
sourit à ses
fleurs de grâce et de
liberté,
ces fleurs d'abeilles et
d'abandon
et qui lâche ses fruits,
bruits de mort – bruits de
vie
dans l'herbe haute de
l'automne.
Avec mes mots de tous les
jours
avec mes fruits bons ou
mauvais,
jeux de l'ange ou du malin,
je demeure arbre-poète
qui voit passer tout près
de lui, les morts vivants
sans un regard.
Je suis poète, arbre-poète
parmi tous ceux
des compagnons que je
côtoie,
les arbrisseaux,
les tout-venants,
les arbres de nostalgie,
…et puis les chênes
tous les grands chênes,
les arbres rois de la forêt
qui ne meurent pas.
Jean Vigna, poète.
Merci Anne !!!
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