photo fabian da costa
Eurydice, Eurydice, je pense à toi ce soir. Il fait froid, il fait noir, et je t’entends chanter. Non, ce n’est pas Orphée qui chante en ce moment, c’est toi, et ta voix est belle, plus belle encore d’avoir été si longtemps retenue.
Orphée qui se retourne et te perd à jamais, de lui seul on connaît la plainte. Qui aimait-il vraiment celui qui n’a pas été capable de te ramener sur terre ? Etait-ce Eurydice, ou le mirage d’un amour qui n’était déjà plus, le rêve d’une femme, ou celle que tu es vraiment.
Mais peut-être que toi, dont il a lâché la main, ne te plains tu pas. On nous a fait croire que les enfers t’ensevelissaient, que l’ombre t’engloutissait. Comme c’était simple, Orphée désespéré enchantait le monde par ses chants et sa musique, et Eurydice disparaissait à tout jamais. Fin de l’histoire.
Triste fin…non - car je te vois Eurydice, tu cours joyeusement dans ce monde qui est le tien, tu chantes et tu ris, et tu es heureuse car tu es libre, même si ce n’est pas toujours la même chose. Et l’éclat de ta joie, l’éclat de ta voix, sont l’éclat d’Eurydice.
Alors ce soir ma belle, fais-toi encore plus belle, mets ta robe rouge et tes hauts talons, maquille-toi et va danser là-bas, dans ces vastes salles que l’Amour illumine. Vis de cette vie que tu as choisie, et ce n’est pas la mort.