samedi 6 avril 2013

Souvenirs






    La mémoire, en tous cas la mienne, fonctionne souvent par bonds arrière imprévus, rapprochements soudains, qui font remonter à la surface, des images, des sensations, des musiques oubliées, en fait juste recouvertes par la poussière du temps qui passe.



    Voilà qu'un soir, ayant décidé de ne plus lire les livres "sérieux " utiles à mon travail, je tends la main vers une étagère et je prends le premier bouquin qui s'y trouve : " Un pont sur l'infini " de Richard Bach, un vieux " J'ai Lu " des années 80.



    Livre agréable, tout plein des belles idées de l'époque, qualifiées aujourd'hui encore de "New Age ", cela étant dit généralement avec un mépris amusé. Moi personnellement, j'aime encore beaucoup de choses de ce fameux mouvement. " Peace and Love " me plait mieux  que " Guerre et Haine ", " Faites l'amour pas la guerre ", me va bien aussi. Courir dans l'herbe avec des fleurs dans les cheveux, même si ce n'est plus de mon âge,  me paraît toujours une belle activité.



    En un mot et même en plusieurs, l'amour, l'utopie, l'espérance, et même une certaine naïveté, comme par exemple de ne pas désespérer de la nature humaine, me semble des vertus à cultiver avec persévérance.



    Mais ce n'est pas de ce livre dont j'ai voulu parler, mais plutôt de ce qui est revenu me trouver, comme une vague revient sur la plage, en lisant la quatrième de couverture et en découvrant que l'auteur était celui qui avait précédemment écrit " Jonathan Livingstone le Goéland. "



    En ce temps-là, dans les années 70, je n'avais pas lu le livre, mais j'avais acheté le disque de Neil Daimond, qui suit fidèlement le fil du récit initial. Comment avais-je pu, dans ce que je vivais, dans ce que j'étais  à cette époque, prendre l'initiative d'acheter un disque, et celui-là particulièrement ? C'était aussi probable que de voir un canard faire du pédalo.



    Et pourtant je l'ai fait, et ma vie s'en est trouvée bouleversée. Non, je n'ai pas acheté un pédalo, mais j'ai soudain entrevu un espace de liberté et d'envol qui ne m'était plus interdit, j'ai entendu des paroles d'espoir, une musique qui ouvrait en moi des horizons inconnus.



    Voilà ce qui m'a submergée et profondément émue, alors que bien calée sur mes oreillers j'entamais la lecture de " Un pont sur l'infini ", excellent livre d'ailleurs, pour qui veut encore croire dans l'amour et la bonté. Oui, malgré tout.



Sois comme la page qui souffre sous le mot
pour en exprimer le terme
de ce qui est hors du temps
pendant que le soleil en exprime le jour


Chante comme le chant en recherche d’une voix
exprime le silence
et ce que l’Ultime
veut faire de ta voie



- Be – Neil Daimond – Jonathan Livingstone le Goéland -








2 commentaires:

  1. J'ai encore tous les livres de cet auteur pilote d'avion qui m'ont bien parlé à une époque.

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  2. J'aime bien ton article...oui, ne jetons pas les bons sentiments, ni l'utopie, ni l'espérance...
    Laissons les cyniques critiquer les hippies et les "New Ager"...et gardons, si ça nous plaît, nos idées "Peace and Love", bien moins démodées, au final, qu'un certain consumérisme ambiant...

    J'ai redécouvert Richard Bach il y a deux ou trois ans...et ses livres sont toujours inspirants...ni naïfs, ni fleur bleue...PROFONDS.
    Comme la citation que tu cites à la fin...

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