jeudi 20 octobre 2016

Comme une lumière dans la nuit...




Dans le vieux Lyon, rue Saint-Jean pour ne rien vous cacher, se trouve un lieu de perdition. La librairie d'occasion " Diogène ". Voici presque deux ans que furetant dans le rayon Asie, je tombe sur ce gros livre qui me tente et me retente. Son prix un peu plus élevé que ce que je souhaitais m'en a fait retarder l'achat à chaque fois. Jusqu'à notre dernière visite - car enfin, il était toujours là - pour moi, ou du moins ais-je enfin réussi à m'en persuader. 

Je n'ai pas regretté mon achat : sont rassemblés dans cet ouvrage de 1928, des textes inédits des grands penseurs indiens qui ont marqués la littérature et la vie sociale et politique de l'Inde, encore sous le joug anglais. 

Ce matin je l'ouvre délicatement à la première page - le magnifique papier ivoire demande délicatesse et précaution - et je lis le message d'introduction écrit par le Mahatma Gandhi.

" La plus grande contribution que L'Inde puisse apporter à la somme du bonheur humain, c'est de parvenir à sa liberté par des moyens pacifiques et loyaux. Pareille chose arrivera-t-elle jamais, c'est plus qu'on ne peut le dire. En vérité les apparences contrediraient cette croyance. Néanmoins, ma foi en l'avenir de l'humanité est si grande que je ne peux faire autrement que croire que l'Inde obtiendra sa liberté seulement par des moyens pacifiques et loyaux, et par nuls autres. 
Puissent donc tous ceux qui partagent ma croyance aider l'Inde à atteindre cette suprême consommation ! "
Ashram, Sabarmati, 7 juillet 1926 ( Traduit par Madeleine Rolland )

En 1926 Gandhi a 57 ans, il vient depuis peu d'être libéré des prisons anglaises pour raison de santé. Ses campagnes de non violence ont déjà fait naître dans l'Inde une grande espérance. Et pourtant, la force de l'occupation anglaise semble écraser les foules indiennes de pauvres gens, conduites par ce petit homme maigre, presque nu. Au milieu de malheurs innombrables, dont la partition entre l'Inde et le Pakistan n'est pas la moindre, les anglais se retirent et l'Inde devient indépendante en 1947.
Un an plus tard Gandhi est assassiné par un fanatique hindou. Mais au-delà des soubresauts politiques, des luttes sanglantes qui agitèrent l'Inde longtemps encore, sa volonté de paix et de non violence a triomphé des armes. 
J'ai lu ce texte ce matin, après avoir écouté les nouvelles toujours catastrophiques, toujours anxiogènes, que tous nos médias dispensent chaque jour. Et j'ai pensé qu'il était bon de le partager  comme une lumière dans la nuit qui nous oppresse.

mercredi 19 octobre 2016

lundi 10 octobre 2016

Je n'ai pas vu le grand cerf dans la forêt

 
 Quelque part dans le Vercors




Et oui, je n'ai pas vu le grand cerf qui brame dans la forêt. Malgré un réveil plus que matinal, vêtue de plusieurs couches de vêtements, munie d'un thermos de thé chaud et de quelques biscuits, malgré quelques heures de marche, je n'ai pas vu de cerfs.

Ce que j'ai vu alors ? J'ai entrevu dans le brouillard laiteux d'un matin d'automne, des arbres fantômes, des sentiers mystérieux qui s'enfonçaient sous des voûtes de feuillages vers un ailleurs de rêve. 

J'ai vu également, et cela sans peine aucune, des porteurs de superbes télé objectifs, l'air concentré et grognon, qui eux non plus ne voyaient pas le grand cerf. Personne ne l'a vu : la faute au brouillard bien entendu. Ne répétez pas ce que je vous dis-là - cela ne m'a pas déplu.  

Mais je l'ai entendu bramer dans la forêt, le grand cerf que tout le monde attendait. De ce son puissant et rauque, celui qui appelle la biche, qui la charme, la convoque pour perpétuer la vie, pour que l'an prochain il y ait encore des cerfs majestueux, des biches craintives, et des photographes derrière leurs objectifs.

Je ne l'ai pas vu, ni lui ni aucun autre, mais je sais qu'ils étaient là, occupés de leurs amours, de leur combats, de leurs conquêtes. Vraiment, est-ce que cela nous regarde ?



Eurydice...

                                   photo fabian da costa   Eurydice, Eurydice, je pense à toi ce soir. Il fait froid, il fait noir, et je t’...