Emmanuel
Refermer mes mains lentement sur ses mains,
pour qu'il ne pleure pas : il sait que je le quitte.
Mais un jour, un matin peut-être, très ordinaire,
quelqu'un viendra, qui me ressemble étrangement
et qui prendra ses mains, comme à cet instant même.
Quelqu'un qui me ressemble et qui ne sera pas
son père familier, ce sera l'étranger, qu'il aura
quelquefois entrevu dans un songe,
un ange de tendresse et de longue patience,
et qui l'emportera au lieu d'inconnaissance
où tournoient les soleils.
Jean Vigna
pour qu'il ne pleure pas : il sait que je le quitte.
Mais un jour, un matin peut-être, très ordinaire,
quelqu'un viendra, qui me ressemble étrangement
et qui prendra ses mains, comme à cet instant même.
Quelqu'un qui me ressemble et qui ne sera pas
son père familier, ce sera l'étranger, qu'il aura
quelquefois entrevu dans un songe,
un ange de tendresse et de longue patience,
et qui l'emportera au lieu d'inconnaissance
où tournoient les soleils.
Jean Vigna
Ce matin, quatrième jour de la Semaine Lumineuse, celle qui suit le dimanche de la Résurrection, nous avons entouré Jean, notre ami, qui cheminait une dernière fois avec son fils, sur l'ultime chemin. Malgré l'âge venu, Emmanuel était resté cet enfant ébloui par un vol de colombes, ce coeur ouvert simplement aux étonnements de la vie.
Jean nous a confié ce poème, écrit quelques mois plus tôt, et je lui ai demandé la permission de le partager ici - comme un hommage à l'amour paternel, comme un cadeau aussi, fait à nous tous, qui nous tiendrons un jour ou l'autre au seuil de cette insondable inconnaissance.
C'est un très bel hommage rendu à ton ami et à son fils.
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