Le combat d'Oedipe et de la Sphynge
Gustave Moreau
Dans une ville blanche aux rues
coupées à angles droits, des rues vides, quelqu'un cherche son chemin : il
demande sa route à un homme, seul être vivant dans toute la cité. L'homme lui
répond "Oedipe avait vingt ans". Plusieurs fois il répète sa question
et reçoit toujours la même réponse "Oedipe avait vingt ans."
Je ne sais plus si cette image
vient d'un rêve nocturne ou bien d'un rêve éveillé, et cela importe peu. Je dois maintenant revenir dans cette ville
et cheminer dans ce labyrinthe avec cet homme pour le moment sans visage, sans
âge.
Oedipe, maudit par ta seule naissance, qui malgré tous tes efforts ne pourra échapper au destin qui est le tien - Oedipe je te cherche car je voudrais savoir de toi, moi qui connait si bien ton histoire si pareille à la mienne, pourquoi toi et nos semblables, enfants cachés, abandonnés, nous portons jusqu'à la fin de nos jours ces marques, qui nous font marcher dans la vie en équilibre instable, acrobates involontaires et jamais applaudis.
Avais-tu vingt ans lorsque sans le savoir, tu devins le meurtrier de ton père et l'époux de ta mère ?
Pourquoi aveuglé de ta main devant l'horreur de ton sort, es-tu devenu ce voyant, ce sage tutélaire dont on recherche la bénédiction et la protection ? Dois-je découvrir un secret auprès de toi ? Ou bien simplement te trouver au détour d'une des rues de cette ville blanche et vide comme l'est le mystère de nos origines.
Avais-tu vingt ans lorsque sans le savoir, tu devins le meurtrier de ton père et l'époux de ta mère ?
Pourquoi aveuglé de ta main devant l'horreur de ton sort, es-tu devenu ce voyant, ce sage tutélaire dont on recherche la bénédiction et la protection ? Dois-je découvrir un secret auprès de toi ? Ou bien simplement te trouver au détour d'une des rues de cette ville blanche et vide comme l'est le mystère de nos origines.
C'est la Vie qui applaudit à chacun de nos pas. Tels des funambules dansant au dessus de l'abime, nous savons combien chaque pas coûte mais est aussi un pas de joie.
RépondreSupprimerLes marques sont des signaux qui nous disent: souviens-toi et continues. Pas d'attaches. Œdipe n'a été pleinement Œdipe que débarrassé des liens que sa famille d'origine lui avait mis pour entraver ses pieds.
Il a résolu l'énigme du Sphinx pour sauver les citoyens de Thèbes.
RépondreSupprimerOutre le Complexe d'Oedipe cher à Sigmund Freud (qui a tout piqué à Sophocle parait-il...), le complexe Oedipe a été victime du secret sur ses origines et son adoption.
En effet, le poids du secret de ses origines et du secret sur son adoption (né sous un oracle funeste, abandonné par ses parents royaux de Thèbes, exposé dans la nature et pendu par la cheville enflée, trouvé et pris en charge des bergers puis adopté par le couple royal de Corinthe, réalisant ainsi une des premières adoptions internationales de l'histoire...) a pesé lourd dans son destin funeste et sur la malédiction pesant sur ses enfants.
Sans ce secret, il n'aurait sans doute pas tué son père Laïos par accident, et procréé avec sa mère Jocaste (bravant ainsi deux interdits anthropologiques universels : parricide et inceste)... Il n'aura accès à la vérité qu'après coup, donc un poil trop tard...