photo © fabian da costa
J'ai rencontré Dieu. J'ai toujours dit que je le cherchais, et le jour où je l'ai vu je ne l'ai pas reconnu. C'était à Delhi, dans le quartier populaire où nous logions, dans la nuit qui tombe ici à 6 heures du soir. C'était le mendiant affamé qui mangeait accroupi dans le caniveau un reste innommable sur du papier journal.
Nos regards se sont croisés, je ne me suis pas arrêtée et je ne me le pardonne pas. Comme un cil dans l'œil qui fait pleurer et que je n'arrive pas à ôter, il est toujours là sous mes paupières.
Je ne me suis pas arrêtée, bien trop occupée à préserver le bas de mon pantalon de la boue qui envahissait le trottoir, bien trop préoccupée de courir vers un magasin qui allait fermer, bien trop inquiète de perdre dans la foule celui qui marchait devant. Peu importe la raison, je ne me suis pas arrêtée, voilà tout. J'avais sur moi plus de roupies qu'il n'en verra jamais de toute sa chienne de vie – je ne me suis pas arrêtée. Il ne demandait rien, il ne voulait rien, il regardait dans les yeux cette femme pressée – juste surpris de trouver un regard plonger dans le sien.
Je ne me suis pas arrêtée, je ne me le pardonne toujours pas, mais je sais que je suis devenue disciple d'un maître en guenilles, là-bas, dans les rues de Delhi.
Très beau texte.Il me va droit au coeur!
RépondreSupprimer