photo © fabian da costa
La fileuse
J’ai filé la longue chemise des rêves, longuement je la tisse chaque nuit. J’attends maintenant l’aiguille, la grande aiguille qui coudra de fil rouge l’histoire de ma vie.
Je l’ai reçu dans un coffret de cèdre clair, couchée comme une épée, dormante et espérant ma main pour vivre enfin et danser, dessus-dessous et encore dessus.Traçant derrière elle comme un éclair de feu, les routes et les chemins.
Coudre est dangereux ; voilà un redoutable jeu. Que vais-je ici lier que je ne sais pas encore nommer ?
Aux récits des temps anciens, l’aiguille pouvait blesser la main. Qu'adviendra-t-il si je me pique le doigt ? Je peux dormir cent ans et peut-être mille ans sans m’en apercevoir, puisque je ne sais plus depuis longtemps déjà, défaire du songe ma vie. Je sais seulement quand je suis dans tes bras que j’ai toujours voulu cette place là.
Ce qui sera ne m’appartient pas et je coudrai ce que tu voudras. J’assemblerai ma vie à la tienne, bord à bord, corps à corps, à petits points serrés comme tes mains sur moi. Je dirai que c’est bien, je dirai que c’est beau à chaque jour nouveau, à chaque nuit qui vient. Il n’y a plus ici de frontière, et lorsque je t’attends, tu étais déjà là.
beau texte...
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